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L’Amour au temps de Figaro

Retour aux sources : Les Noces de Figaro, un opéra qui depuis deux siècles subjugue les amateurs.

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Les Noces de Figaro (1786) est un opéra, en soi, merveilleusement réussi, de par la richesse des airs devenus depuis célèbres mais aussi de par la qualité du livret, inspiré de la pièce de théâtre de Beaumarchais (1778). Cependant, il fallait une réalisation sans faille pour soutenir de façon convaincante l’œuvre originale. La mise en scène présentée à l’Opéra de Montréal répond assurément à ce défi, en nous offrant probablement une des plus belles représentations de ces trois dernières années. L’opéra est construit comme une joyeuse farandole d’intrigues amoureuses, où les personnages perdent le fil de ce qui est de l’ordre du secret intime et de ce qui est de l’ordre de la complicité.

Yves Renaud

Figaro aime et veut épouser Susanna ; mais cette dernière, elle-même amoureuse de Figaro, est courtisée par le comte, qui délaisse son épouse légitime et souhaite user d’un vieux droit seigneurial, le droit de cuissage, pour pouvoir profiter des charmes des jeunes femmes du domaine. Figaro et Susanna décident donc de confondre le comte sur son propre terrain de jeu : la séduction.

Spectateurs du 21e siècle, il faut comprendre tout le côté révolutionnaire qu’il y a à présenter comme des héros de simples valets qui prétendent donner des leçons de conduite à la noblesse ! D’autant plus que ces joyeux personnages, socialement si modestes, se montrent finalement bien plus rusés que le comte lui-même 

L’énergique mise en scène de Tom Diamond met en valeur des artistes interprétant chacun merveilleusement son personnage. La présence de Chérubin, le jeune adolescent transi d’amour, vous ravira ; Figaro qui s’élance en proclamant « Je vais venger tous les maris du monde ! » vous amusera au plus haut point. Car Les Noces est fondamentalement un opéra qui dédramatise les relations tendues au sein des couples pour mieux exacerber la joie de vivre entre les protagonistes.

Entre éclats de rire et situations scabreuses, nous assistons tout de même à des instants de pure grâce, comme à l’ouverture de l’acte II, lorsque la divine comtesse fait sa première apparition avec l’air « Porgi Amor ». Ou encore lorsque, solitaire dans le grand salon, la même comtesse regrette le temps de ses amours passées, que nous avait donné à connaître Le Barbier de Séville.

Mais l’opéra de Mozart, comme la pièce de Beaumarchais, s’inscrivent aussi dans un contexte historique fort, celui de l’abolition prochaine des privilèges de l’Ancien Régime qui s’écroule en toile de fond au mariage. Le décor théâtral constitué d’un imposant pan de mur où est gravée la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 n’est-il pas là pour nous rappeler que l’ombre (ou la lumière) de la Révolution Française n’est pas loin ?

Si vous souhaitez vous mettre dans l’ambiance musicale des opéras de Mozart, découvrez ou replongez-vous avec délectation dans le film Amadeus de Milos Forman. Des airs comme « Se vuol bailare », « Voi che sapete », « Non più andrai », « Contessa perdono » (un air de pur délice!) vous enchanteront.

Sur un plan plus littéraire, vous pouvez préférer au livret de Da Ponte édulcoré par la censure, la pièce de Beaumarchais Le Mariage de Figaro qui vous replongera de manière plus authentique dans l’ambiance de la France des Lumières.

Les Noces de Figaro
17 septembre au 24 septembre 2011
Opéra de Montréal


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