Il s’agit d’un appel au respect et à une certaine prise de conscience de l’état fragile de notre milieu naturel. C’est en célébrant le beau que l’Homme réalise davantage ce qu’il est en train de mettre en péril et de détruire depuis ces dernières années. En choisissant le support photographique et la technique de prise de vue aérienne, Yann Arthus-Bertrand a voulu toucher un public le plus large possible. Voici les mots prononcés par le photographe à la sortie de son livre : « Ce qui me motive c’est l’impact qu’une photo peut avoir dans le domaine de la protection de l’environnement. La grande nouveauté aujourd’hui, c’est que l’humanité a le pouvoir de modifier son environnement. Ainsi, je voudrais que mes photos déclenchent des prises de conscience ». Il se positionne en tant que chef de file de ce qu’on pourrait appeler la photographie environnementale ou écophotographie, qui fait fureur depuis quelques années. Déforestation abusive, dérèglement climatique, disparition massive d’espèces sont des expressions récurrentes du XXIe siècle que les médias nous rabâchent avec voracité. Les photographes eux, pointent du doigt cette nouvelle réalité.
Si vous avez la curiosité de feuilleter en librairie des magazines photos, vous vous rendrez vite compte de la place consacrée à la lutte pour la protection de l’environnement. En effet, qu’il s’agisse de clichés d’animaux en voie de disparition ou de paysages détruits par des activités humaines irresponsables, le thème est omniprésent. D’ailleurs, les concours photos abordant cette thématique pullulent ! Photo Solution et Photo Life, deux magazines canadiens viennent de présenter leur nouveau concours annuel qui a pour titre « Regards sur notre monde » et ce n’est qu’un exemple parmi tous ces intitulés : « Passion forêt », « Objectif Énergie » ou encore « Festival de l’oiseau et de la nature ». La photographie tend donc à devenir un outil de lutte politique et médiatique essentiel, ce qu’elle était déjà depuis l’apparition du photojournalisme dans les années 1890, mais à la différence près qu’elle était alors plus discrète et moins proche de la réalité. De ce constat naît donc le statut instable et souvent débattu de la photographie comme pratique artistique. Ces tensions entre Art et politique, entre esthétique et information sont loin d’être résolues ; mais ne serait-ce pas là le propre même de la photographie, à savoir avoir la capacité d’informer et de documenter tout aussi bien que de servir de support à l’expression sensible du monde.