Dans le cadre du dialogue Sciences et politiques à McGill, le député d’Outremont Thomas Mulcair s’est prononcé sur les stratégies scientifiques du parti néodémocrate dans une entrevue exclusive accordée au Délit. Les sujets abordés durant la conférence posaient des défis considérables. Que ce soit en ce qui concerne le problème de la transition d’un système de transport fondé sur le pétrole à un système tout-électrique, ou le défi de déterminer les sources de production de l’énergie électrique elle-même, les réponses ne vont pas de soi. Le NPD est à présent célèbre pour ses politiques « plus vertes » que celles du parti vert lui-même, et Monsieur Mulcair a déclaré publiquement lors de son discours de clôture qu’il n’existe aucun moyen de se débarrasser des déchets nucléaires pour le moment, et donc qu’il n’existerait pas de nucléaire « durable ».
Cependant, juste avant cette déclaration, il s’était fait un devoir de rappeler que les idéologies n’appartiennent pas qu’au domaine politique, et qu’il y a tout autant de croyances et d’opinions qui divisent les scientifiques sur l’interprétation, voire sur le choix des faits à interpréter, qu’il y a de politiques différentes entre la droite et la gauche. Le danger, dit-il, c’est que les politiciens doivent alors faire un tri des rapports scientifiques sur lesquels ils choisiront de construire leurs stratégies de recherche et de développement. « Il est important de fonder nos décisions sur la science, et pas sur les idéologies », répond-il lorsqu’on lui demande pourquoi le NPD assoit à ce point ses politiques sur la théorie du réchauffement climatique anthropogénique. Les récents travaux du physicien Henrik Svensmark portant sur le rôle des nuages dans la régulation du climat, corroborés par les résultats du projet CLOUD (Cosmics Leaving Outdoor Droplets) publiés cet été, ont démontré que les modèles de prévision climatique actuels ont une mauvaise compréhension de la formation d’aérosol dans la basse atmosphère, de même qu’une mauvaise compréhension de la formation des nuages. Ce projet tend à démontrer que les rayons cosmiques auraient une influence majeure sur le climat, laissant ainsi aux gaz à effet de serre un rôle plus que secondaire dans le réchauffement climatique. Mais Tomas Mulcair a vivement réagi contre les résultats de ce projet en soutenant qu’il ne s’agissait là que d’un prétexte permettant aux Conservateurs de refuser de s’engager à diminuer les gaz à effets de serre.Pour ce qui est des engagements de son parti, Monsieur Mulcair affirme que le NPD « reconnaît l’importance de la science et projette d’investir davantage dans le secteur de la recherche et du développement ». Quant aux plans du NPD pour le Grand Nord et le programme spatial canadien, en donnant en exemple l’initiative de la Russie qui a entamé la construction d’un nouveau cosmodrome à Vostochny –ce qui démontre l’engagement du gouvernement russe à contribuer à l’avancement de la haute technologie– le député déclare que « le NPD est engagé à affirmer la souveraineté du Canada dans le grand Nord, c’est pourquoi il est important d’investir dans les communautés qui sont déjà là ».
Pour ce qui est de l’espace, le député d’Outremont dit espérer « que l’agence spatiale canadienne continue son bon travail », bien que « pour l’instant, on n’a[it] pas de programme spatial ». Ce qui laisse entendre que le NPD ne projette pas d’investir dans la création de nouveaux centres de recherche sur la haute technologie et l’aérospatial dans le grand Nord.
Enfin, avec la décision des Conservateurs de parvenir à « l’équilibre budgétaire » d’ici 2015, le fonds de recherche et de développement ne permet pas de lancer de grands projets à l’échelle du cosmodrome de Vostochny ou encore du tunnel sous le détroit de Béring –un projet pour lequel le Premier Ministre Vladimir Poutine s’est vu refuser la coopération des gouvernements Bush et Harper. Comment le NPD projette-t-il d’investir dans des grands projets scientifiques dans un contexte de crise financière croissante ? Bien que Mulcair admette que « les banques canadiennes sont un peu gourmandes en ce qui concerne leurs profits », le NPD ne planifie pas de séparer les banques d’investissement des banques commerciales, ce qui permettrait d’éliminer les pertes nationales dues aux spéculations boursières en déresponsabilisant le gouvernement vis-à-vis des pertes du secteur commercial. Il s’agit d’un projet de loi sous le nom de Glass-Steagall, ou HR 1489, qui est présentement discuté au Congrès américain. Cependant, sur le plan économique, le NPD envisage d’appliquer la taxe Tobin pour générer des revenus sur les revenus des transactions bancaires.