L’acteur-réalisateur Roschdy Zem percute la rentrée cinéma 2011 avec son deuxième long-métrage Omar m’a tuer. Après /Mauvaise Foi (2006), Roschdy Zem revient en force avec une histoire terriblement glaciale. Ce film joue la carte de l’enquête et de la quête de justice.
Le film relate un meurtre sordide, suivi d’une accusation douteuse. Omar Reddad, jardinier de profession, fut accusé en 1991 du meurtre de sa patronne Ghislaine Marchal. Le cadavre de cette dernière fut retrouvé dans sa cave près de la porte où l’on pouvait lire l’inscription suivante : « Omar m’a tuer ». Une enquête commence alors à partir d’une inscription qui fait office d’accusation suprême, et qui fait basculer la vie d’un homme. Cette inscription dont la valeur juridique demeure douteuse est l’élément déclencheur de l’histoire. Omar clame son innocence et des évidences laissent croire qu’il n’est pas l’assassin en question. Or la justice en décide autrement et le condamne à 18 ans de prison ferme.
C’est en tenant le spectateur à bout de souffle que le film surprend. La cinématographie est impeccable et le décor du Sud de la France contraste avec la noirceur et la perfidie des événements. La luminosité éblouissante du paysage étouffe presque les bruits calomnieux qui entourent l’affaire.
On découvre des personnages qui ont joué un rôle clé dans l’enquête tels que l’écrivain Pierre-Emmanuel Vaugrenard (Denis Podalydès) et Maître Vergès (Maurice Bénichou). Tous deux ont été les alliés d’Omar. Autrement dit, ils ont décidé de prendre le risque de défendre un jardinier marocain qui évolue dans une situation précaire, qui s’exprime dans un français malhabile et qui est contraint de laisser sa famille derrière lui, sans repères et sans réponses. Denis Podalydès et Maurice Bénichou ont incarné les piliers de cette quête de vérité avec justesse. Pour sa part, Sami Bouajila incarne Omar, l’homme torturé par une situation qui le dépasse. La fragilité du personnage a été renforcée par la splendeur de l’acteur qui a su s’enfermer dans un corps meurtri, affaibli et sans panache. L’acteur s’est donc approprié l’histoire de cet homme illettré et laissé pour compte avec humilité. Le travail corporel et les mimiques de Sami Bouajila sont subtiles et soulignent, malgré tout, la simplicité de ce personnage sans artifices. Ce qui frappe est sans doute le quasi-mutisme dans lequel s’enferme Omar pour mieux absorber la catastrophe.
Le film épouse donc avec rigueur l’anéantissement psychologique d’Omar qui évolue dans une France où les minorités sont stigmatisées. Dans ce film engagé, Roschdy Zem n’est pas tombé dans la fausse compassion et le pathétisme. De plus, le bilan reste positif dans son ensemble car le réalisateur a évité les clichés qui auraient pu caricaturer le personnage d’Omar à jamais. Omar m’a tuer secoue et ne laisse personne indifférent. La puissance de ce long-métrage réside dans certains éléments qui conjuguent leurs forces et prouvent qu’Omar Reddad a été une fleur fanée de force par un système judiciaire sclérosé.