C’est dans un petit village québécois du nom de St-Isidore-du-Cœur-de-Jésus, peuplé à 97% de québécois « pure laine », qu’un groupe d’étudiants anglophones s’établit pour un certain temps, à la recherche de la langue de Molière. Cette langue, elle est partout : dans les petits cahiers rouges de l’école de langues, dans les yeux de Julie (Karine Vanasse), la belle institutrice, dans la nourriture baignée de sirop d’érable, sur les petits macarons jaunes indiquant « en français ». Ce sont par de petits gestes que francophones et anglophones se côtoient, toujours avec précaution. Et dans un franglais parsemé de rires, des liens se tissent malgré tout, malgré l’Histoire, malgré la différence.
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Si le thème a déjà été travaillé au cinéma –pensons au fameux Bon Cop Bad Cop (2006)– le décor est nouveau : c’est dans un petit village québécois que l’antagonisme se poursuit, où des familles bienveillantes accueillent les naufragés anglophones. De la même manière que dans la production française Bienvenue chez les Cht’is, les étudiants font nerveusement leurs premiers pas à travers un temps morose, de la neige en juillet, et de biens grands malentendus, examinés de près par leurs hôtes.
Le film joue à la fois sur l’Histoire et sur la politique actuelle, mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une comédie. Il est donc difficile de critiquer l’irréalisme des personnages, présentés parfois sur des tons un peu ridicules, si celui-ci est fondé. Cependant, le jeu peut sembler un peu trop évident, et mène à une fin hollywoodienne loufoque et décevante.
French Immersion est un regard quelque peu simplet sur les deux cultures canadiennes, mais fera rire tout de même, en amenant peut-être l’espoir d’une meilleure coexistence – l’idée d’un « Québec indépendant dans un Canada uni » est maintes fois suggérée au cours du film. C’est peut-être le meilleur moyen, finalement, de traiter un thème aussi délicat ; d’en rire, et puis de remettre la réflexion à plus tard.