La semaine dernière a fait chaud au cœur des grévistes. Lundi, mercredi et vendredi, des groupes se sont mobilisés à l’intérieur du campus en réaction à l’injonction qui limite la portée de la voix des employés de soutien.
Le jugement d’urgence a été accordé lundi le 26 septembre, seulement quelques jours après que la demande en avait été faite par McGill. Comme le révèle le McGill Daily, le juge qui a décidé en faveur de l’injonction, Brian Riordan, se trouve être un ancien diplômé de McGill et Dobson Fellow à la faculté de gestion Desautels. Il a affirmé à nos collègues qu’il ne voyait pas de conflit d’intérêt dans le cas de l’injonction étant donné que son rôle à la faculté de gestion avait été suspendu lorsqu’il est entré dans ses fonctions à la Cour Supérieure du Québec.
Le Mobsquad, le groupe de mobilisation du campus de l’université McGill, a organisé le 26 septembre une manifestation éclair, seulement quelques heures après l’annonce de l’injonction par un courriel de Michael di Grappa, vice-principal (administration et finances), lundi matin, à 10 heures 20. Micha Stettin, membre du Mobsquad, affirme qu’aucun d’eux n’avait planifié cette manifestation : « Nous nous sommes envoyés des messages textes, et nous avons informé tous les gens que nous connaissions ».
Les autres groupes solidaires de MUNACA ont renchérit mercredi le 28. Cette fois, AMUSE, (syndicat des étudiants employés) AMURE (syndicat des employés à la recherche) et MFLAG (McGill Faculty Labour Action Group) ont coordonné leurs efforts pour organiser une manifestation et un teach-in.
C’est d’ailleurs cette manifestation qui a su rassembler le plus grand nombre, trois fois plus d’étudiants, professeurs et autres employés que deux jours plus tôt. La stratégie était, comme lundi, de se réapproprier l’université pour discuter des questions qui touchent directement à la fois la vie des grévistes et celle des étudiants ; le choix de la Y‑intersection, point de confluence des étudiants plusieurs fois par jour, était stratégique.
Le concept de teach-in a été validé par la présence de professeurs, dont Michelle Hartman, qui enseigne au département d’études islamiques, accompagnée de ses étudiants qui ont écouté son « cours » avec beaucoup d’attention. Elle a encouragé tous les étudiants à « aller voir [leurs] professeurs pour leur parler de ce qu’ils veulent faire [pour soutenir MUNACA]». Le professeur Normore, du département de philosophie a soutenu que les événements récents « montrent une aliénation de la part de l’université qu’on ne voit pas ailleurs ». Il dit avoir pensé que la grève était une grève normale au début, mais il pense aujourd’hui différemment, car elle est infusée de « contrôle imposé de haut en bas ».
Vendredi, faisant référence au silence imposé aux grévistes, le MFLAG a organisé une marche silencieuse du Portail Roddick jusqu’au bâtiment des Arts. Encore une fois, le nombre de personnes présentes était important comparé aux manifestations des dernières années sur le campus de McGill.
Micha Stettin témoigne que le nombre d’étudiants qui se mobilisent sur le campus « a augmenté régulièrement depuis le début de l’année [scolaire]. Une fois informés, les gens réalisent rapidement l’injustice de l’affaire ». Les étudiants présents à la Y‑intersection mercredi, ne font pas partie de la masse activiste qu’on voit à tous les événements politiques du campus. Stettin pense qu’une des raisons expliquant ce changement est que « la problématique touche directement la vie des grévistes mais aussi celle des étudiants ». Il avance qu’«une fois que les étudiants participent aux manifestations, ils ont tendance à s’impliquer de plus en plus dans la vie universitaire ». Cela pourrait être un indicateur de la participation aux prochaines actions du mouvement étudiant contre la hausse des frais de scolarité.
Le teach-in et la marche se sont déroulés sans embûches, mais toujours sous l’œil inquiet de la demi douzaine d’agents de sécurité mandatés à l’intersection et à la porte du Bâtiment de l’Administration pour accueillir les manifestants. Le sit-in a attiré l’attention d’un journaliste de Radio-Canada qui passait par hasard. La sécurité lui a d’abord interdit de filmer la scène, mais le journaliste a vite été convaincu de documenter l’événement. Les agents présents n’ont pas bronché.
Kevin Witthaker, président du syndicat, est très heureux de ce soutien externe. Il se dit « très touché » mais déplore le fait que « l’Administration traite [les manifestants] de la même façon qu’elle traite [les grévistes de MUNACA].»
De leur côté, les grévistes trouvent d’autres moyens « pour faire pression sur quatre membres pivots du Conseil des Gouverneurs de l’université » Monsieur Stuart H. Cobbett, Madame Kathy Fazel, Madame Martine Turcotte et Monsieur Thierry Vandal, comme l’annonce un communiqué du syndicat. Loin des piquets, ils ont commencé hier à organiser des manifestations de type « flash mob » à l’extérieur des bureaux de ces gouverneurs, employés de Bell Canada, RBC, Hydro-Québec et le cabinet d’avocats Stikeman Elliott.