Lors du dernier budget, le gouvernement Charest a annoncé qu’il augmenterait les frais de scolarité des étudiants universitaires. On soulignait que le sous-financement des universités ne permettrait pas de garder un niveau académique élevé en vue de participer et de faire avancer l’économie québécoise au Canada et dans le monde.
Au cours des prochaines années les étudiants payant les frais de scolarité québécois paieront 1625 dollars additionnels pour leurs études –faisant passer la facture de 2468 dollars à 3793 dollars en moyenne d’ici 2017. En d’autres mots, ils feront face à une augmentation des frais de 75% en seulement cinq ans. De plus, le sort n’est pas clair en ce qui a trait aux frais beaucoup moins régulés des étudiants internationaux, composant une grande partie de la communauté mcgilloise.
Le débat sur les frais de scolarité était à l’ordre du jour de l’Assemblée générale (AG) de l’Association étudiante de l’Université McGill, le 26 septembre dernier, où une motion sur l’accès à l’éducation fut déposée, puis approuvée. La motion donne a l’AÉUM le mandat de « s’[opposer] à la plus récente augmentation de 1 625 dollars qui affecte les étudiants du Québec [et d’encourager] ses membres à participer à la manifestation contre l’augmentation des frais de scolarité le 10 novembre 2011 ». Bien que la motion soit passée, quelques étudiants ont manifesté leur mécontentement face à ce qu’ils qualifiaient d’une idéologisation de l’AÉUM. Selon l’un d’entre eux, « l’éducation n’est pas un droit mais un privilège ».
Sur le même thème, vendredi dernier, un sommet stratégique fut organisé par l’Association étudiante. Les sommets stratégiques, issus de la plateforme électorale de Maggie Knight, présidente de l’AÉUM, sont destinés à permettre aux étudiants une interaction plus directe avec leurs représentants –contrairement aux Assemblées générales, aux conseils et aux référendums. Selon Maggie Knight, bien que ces dernières plateformes soient importantes, il est tout aussi important de « centrer notre intérêt sur un sujet et de l’étudier en profondeur sous plusieurs perspectives en impliquant directement les étudiants vers la formulation d’un plan d’action ».
Au départ, le sommet clarifia que, bien que le Québec affirme que ses universités sont en déficit d’à peu près 750 millions de dollars, il faudrait plutôt parler d’un « manque à gagner» ; étant donné que ce chiffre n’est qu’une soustraction des gains effectués au Québec par rapport à la moyenne canadienne. Face à l’argument de la Chambre de Commerce de Montréal selon laquelle une éducation à bas coût ne permettrait pas de garder un niveau académique élevé, le sommet propose plutôt d’analyser la façon dont les administrations universitaires gèrent leur budget, et de se pencher sur les millions dépensés pour soutenir la haute direction alors qu’on hurle au déficit, une situation qui ne semble pas étrangère à l’Administration de McGill.Finalement, selon Mariève Isabel, vice-présidente externe de l’Association étudiante des Cycles Supérieurs, l’argument selon lequel les étudiants devraient payer pour leurs études au même titre que n’importe quel investisseur ne tient pas la route : « Une étude du C.D. Howe Institute a révélé que les retours d’investissements diminuent en fait avec le niveau d’études à partir de la maîtrise, jusqu’à pouvoir plonger sous zéro pour un doctorat ». Ce qui ne veut pourtant pas dire que ces étudiants ne sont pas lucratifs socialement ou économiquement ; bien au contraire. La Chambre de Commerce de Montréal s’appuie sur le message selon lequel l’industrie aurait des millions à gagner en faisant partenariat avec les universités. Madame Isabel se demande comment on peut « à la fois encourager et vanter les retombées économiques générées par la recherche [universitaire] et en même temps demander aux étudiants qui effectuent ces recherches de payer encore davantage pour le faire ». Suite à la discussion, plusieurs méthodes, visant à impliquer davantage la communauté étudiante de McGill et du Québec en général furent envisagées, passant du théâtre ambulant aux manifestations et la coopération interuniversitaire. Le « Mob Squad », le mouvement de mobilisation supportant les grévistes de MUNACA dit inclure la création et le soutien à McGill d’un mouvement étudiant contre la hausse des frais de scolarité dans sa mission.
La hausse des frais de scolarité rentrant officiellement en vigueur en septembre 2012, les mouvements comme le « Mob Squad » risquent de se multiplier et la pression risque de s’accentuer sur le gouvernement Charest.