En janvier 2009, monsieur Obama avait mis fin à huit ans de règne du roi George W. Bush. Ce dernier qui avait mis la terre à feu et à sang, avait mené une politique ultra-conservatrice qui avait alors suscité de nombreuses hostilités de la part de la communauté internationale. Lorsque Barack Obama le démocrate acquit la résidence de la Maison-Blanche, cette même communauté internationale avait poussé un grand soupir de soulagement. Adieu les John Bolton, Rumsfeld, Cheney et compagnie. Tous espéraient que les États-Unis reprendraient le dialogue avec Cuba, nettoieraient Guantanamo et peut-être même feraient figure d’arbitre dans le conflit israélo-palestinien.
En juin 2009, au Caire, Barack Obama prononça l’un de ses plus grands discours. Le monde entier vit le changement drastique de vision de la politique étrangère que portait le nouveau président. Ce jour-là, le président employa des termes jamais utilisés depuis 1947 : « Il faut que la colonisation israélienne cesse, il faut que les États-Unis se réconcilient immédiatement avec le monde musulman » avait-il martelé.
Barack Obama a certes rappelé que la relation entre les États-Unis et l’État d’Israël était inébranlable, ce discours constituant un véritable tournant par rapport à la politique néoconservatrice de son prédécesseur. Le néoconservatisme américain consiste à maximiser les intérêts politiques des États-Unis, avec méfiance et dédain envers la diplomatie et les organisations internationales, tout en soutenant le libre-échange mondialisé, les interventions militaires au Moyen-Orient, ainsi que toutes les croisades que mène Israël. Les peuples arabes musulmans démunis, peu industrialisés et peu compétents commercialement présentaient donc l’antithèse de ce qu’un néoconservateur respecte. Barack Obama valorisait ainsi une politique plus constructiviste. Ce « Grand Monsieur » était attaché aux valeurs internationales de la paix, de la diplomatie et du consensus international.
Ce qu’il avait oublié ce jour-là, c’était que tôt ou tard il faudrait bien songer à la réélection. Le président des États-Unis qui a lamentablement perdu les élections de mi-mandat de 2010 fut contraint d’entretenir une relation étroite avec les républicains. Depuis lors, le prix Nobel de la paix 2009 n’a cessé de reproduire à l’identique la politique de George Bush, George Bush père ou même Ronald Reagan. Tout a commencé avec l’exécution de Ben Laden qui ressemblait plus à une opération coup de poing antisoviétique des années 70 qu’à autre chose. Hélas, cela n’a guère suffi au président Obama. En septembre 2011, lui qui avait affirmé son soutien au monde arabe deux ans auparavant, décide de refuser l’adhésion de l’État palestinien aux Nations Unies. Un vulgaire « Bush move » que de renoncer catégoriquement à cette juridiction palestinienne, déjà reconnue par la majorité des démocraties du monde. Même s’il est évident que de nombreux lobbys sionistes ont dû exercer une pression insupportable sur le président, et que le pragmatisme électoral ne pouvait pas être négligé, nous étions trop nombreux à estimer qu’il serait d’une autre trempe, d’une autre envergure politique, celle avec un grand P.
Barack Obama n’a pas dû trouver qu’il méritait vraiment son prix Nobel lorsqu’il a ordonné l’exécution d’Anwar al-Awlaqi, un citoyen américain qui collaborait avec Al-Qaïda au Moyen-Orient. Ce que le gouvernement Obama a bafoué, c’est tout simplement le droit fondamental et constitutionnel que garantit la loi américaine à ces citoyens, celui de comparaître devant un tribunal accompagné d’un avocat et d’être jugé pour ses crimes.
En trois ans, Barack Obama a prêté des traits inquiétants à la politique américaine. Les promesses de changement n’étaient qu’illusions, et la dure réalité n’est que trop réelle.