Pour la quatrième année consécutive, les 4, 5 et 6 octobre, la Conférence sur la sécurité alimentaire à McGill présentait avec moult détails les enjeux et conséquences de la crise alimentaire actuelle. Le rassemblement d’étudiants en sciences, en économie, en développement international, ainsi que les professeurs et les conférenciers cogitaient sur les actions entreprises notamment dans la corne de l’Afrique dans les derniers mois.
Malgré la pertinence et l’intérêt de certaines interventions, de nombreuses présentations s’adressaient à une foule à la fois instruite et ignorante : des discours très secs et longs qui demandaient beaucoup d’attention, un support visuel infiniment ennuyeux mais chargé, et un contenu absolument réchauffé et sans nouveauté.
« Les présentateurs ne semblent pas connaître les bases minimales de la communication. Leurs PowerPoints sont ennuyeux, il ne disent rien et il n’ont pas d’image » commentait une auditrice après quelques heures de ce traitement.Daniel Gustasfon, le directeur de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avançait que l’incertitude de la situation des paysans et les prix volatiles rendent leur situation précaire. « Les chocs économiques à court terme affectent le long terme» ; il soutient que « les plus vulnérables souffrent le plus », et que « moins les récoltes sont diversifiées, moins les familles et le pays sont à l’abri. »
Tout cela n’a rien de révélateur. Faut-il vraiment travailler à l’Organisation des Nations Unies pour arriver à ces conclusions ? N’est-ce pas là un écran de fumée pour nous faire croire qu’ils accomplissent de grandes choses alors que rien ne se passe concrètement ?
Zelda, une étudiante en environnement à McGill y met son grain de sel : « Ils parlent beaucoup, mais pour ne dire absolument rien. Ces présentateurs travaillent à l’étranger, mais font-ils vraiment une différence ? Je l’espère, car ils gagnent beaucoup d’argent ! »
Le second conférencier de l’après-midi ne brillait pas non plus par ses propos recherchés. Sergiy Zorya commentait la volatilité des prix des matières premières. Rien de nouveau sous le soleil, puisqu’il annonçait que « le coût du pétrole va augmenter, mais que le prix des facteurs de production va descendre si on impose de bonnes politiques ».
Il ajoute aussi dramatiquement que les augmentations en pic des prix vont devenir plus fréquentes et plus profondes.
Je pourrais dire avec autant de certitude que demain, il fera beau, à moins qu’il pleuve.
Dudley Adolph semblait prometteur, mais, encore une fois, il faut oublier ça : il ne faisait qu’exhiber des statistiques. Le comble de la discussion s’impose quand il lance qu’«on doit rassembler les fermiers pour qu’ils créent des coopératives ». Oui, bien sûr, cela peut être une solution, mais qui a dit qu’ils ne tentent pas déjà de le faire et que, manque de financement, leurs projets tombent à l’eau ?
La table ronde qui suivait réunissait des étudiants et des organismes citoyens comme Santropol roulant. Les intervenants étaient plus dynamiques et accrocheurs. Le contenu était de loin plus inspirant. Ainsi, la conférence se terminait sur une bonne note, malgré tout.
Pourtant, une interrogation demeure. La première partie réunissait des grands du développement international : des représentants de l’ONU, de la Banque mondiale, des professeurs d’universités renommées… Pourquoi leurs discours donnaient-ils l’impression que tout le travail humanitaire mené dans la corne de l’Afrique est une mascarade ? Pourquoi semblent-ils si peu au courant de ce qui se passe sur le terrain, réellement ? Comme quoi, de beaux discours et des titres n’apportent pas toujours plus à la parade de l’aide internationale.