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L’AÉUM, une mascarade ?

L’Association Étudiante de l’Université McGill est censée représenter tous les étudiants. Mais le fait-elle vraiment ?

Les étudiants de McGill proviennent de tous horizons. Ils ont chacun différents bagages universitaires et culturels, différents idéaux politiques, certains viennent du Québec et d’autres d’ailleurs, certains sont favorables à la hausse des frais de scolarité et d’autres s’y opposent. Avoir une organisation dont le but est de représenter tous les étudiants est un réel défi et nous pouvons nous demander si l’AÉUM (Association Étudiante de l’Université McGill) remplit réellement cette responsabilité.

En effet, nous avons récemment observé une polarisation tangible de l’AÉUM comme l’a démontré la chaotique dernière Assemblée Générale, et nous nous inquiétons quelque peu quant au tournant pris dans l’idéologie de l’Association, autant son exécutif que ses membres les plus actifs.

Ceci concerne tout particulièrement la controverse sur la position de l’AÉUM vis-à-vis de l’augmentation des frais de scolarité et sa respectable volonté de s’y opposer. Toutefois, en quoi cet acte supposément militant peut-il apporter quelque chose au débat, sinon le polariser davantage ?

D’un côté, cette vive opposition sur le dossier ne semble pas jouer en la faveur de l’AÉUM et des étudiants de McGill. D’une part, cette intransigeance rend illégitime le mouvement étudiant et empêche tout simplement la présence de l’Association Étudiante à la table de négociation.

D’autre part, toutes les énergies concentrées sur ce seul et unique dossier viennent mettre en péril le développement d’autres projets potentiellement plus utiles à la vie de tous les jours des étudiants, tels que le développement durable sur le campus, l’accompagnement académique et professionnel des étudiants,  l’accès aux bibliothèques, pour ne citer qu’eux.

En outre, cette soudaine volonté d’affirmer un idéal politique, fortement orienté et n’acceptant aucune contradiction, entre en conflit avec l’objectif premier de l’Association : représenter les étudiants, tous les étudiants. Récemment, l’AÉUM nous a prouvé à quel point elle voulait affirmer sa propre politique, soutenant ouvertement la grève de MUNACA et voulant affirmer sa position contre la hausse des frais de scolarité.

On ne peut que louer l’activisme de l’AÉUM, mais également le questionner. Ces affaires sont devenues, d’une certaine manière, l’occasion de se rebeller gentiment contre la grosse méchante administration de McGill et les rouages du système qui nous dirige, ainsi que de satisfaire les besoins révolutionnaires que beaucoup d’étudiants éprouvent, tout en poursuivant leur mode de vie consumériste et intellectuellement mainstream. Tout cela démontre en effet un certain conformisme de la part de bon nombre de nos camarades étudiants qui pourtant se targuent très souvent d’être des alternatives à la société, défendant le pauvre contre le riche, critiquant le patron qui aliène ses employés.

Une certaine puérilité a ainsi envahi le campus grâce à ces opposants à la « dictature mcgilloise ». Tout cela est un peu facile, et d’une certaine façon un peu ridicule, venant de la part d’étudiants dont les frais de scolarité sont à quatre zéros et dont les habitudes de consommation sont parmi les plus coûteuses de toutes les tranches de la société confondues. Ceux qui décrient que l’éducation est un droit universel sont pour la plupart les mêmes gens de ces classes privilégiées qui aliènent sans le savoir celles qui leur sont inférieures.

Il y a donc dans ce désir infantile de révolution incarné par les positions de l’AÉUM d’immenses contradictions. Pourquoi ne pas se concentrer sur le rôle qui nous est attribué à chacun, se focaliser sur ce qui peut vraiment venir en aide à l’étudiant « standard », ce qui peut vraiment produire du changement, plutôt que de s’aventurer sur les chemins hasardeux et moralisateurs de la démagogie oppositionnelle ?

Cette position n’est certainement pas partagée par tous les étudiants de McGill. Mais plutôt que de critiquer un système auquel nous prenons tous part que nous le voulions ou non, il serait mieux de nous questionner nous-même, sur notre mode de vie, sur nos comportements et voir comment nous pouvons vivre ensemble au lieu de s’aliéner les uns les autres.


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