Samedi 22 octobre, 200 personnes s’étaient rassemblées aux abords de l’avenue du Parc au monument à George-Étienne Cartier. Une pancarte résume leur message : « Nous faisons confiance à Bachar el-Assad ».
Drapeaux syriens, musique assourdissante, klaxons sonnants, les manifestants se font entendre.
Abbou Kaplo nous est présenté comme la personne à qui parler. « Nous sommes ici pour montrer que des Syriens en Syrie mais aussi à travers le monde soutiennent el-Assad. Les médias n’en parlent jamais, ou, lorsqu’ils en parlent, ils vous mettent quelqu’un de l’opposition qui dit que les partisans du régime sont payés. Regardez autour de vous, est-ce que vous pensez que ces gens sont payés ? »Quand on l’interroge sur les récits de répression des manifestants, il plaide : « Si vous me demandez s’il y a eu des erreurs de faites, je dirais c’est possible, mais dans un climat de guérilla urbaine, des erreurs sont commises. Demandez aux américains. » Pour ce qui est de la torture, il estime qu’il n’y aucune preuve. « Ce ne sont que des suppositions. Où sont les preuves ? »
Il y a deux semaines l’ONU publiait de nouvelles estimations du nombre de victimes : plus de 3000 en six mois.
A l’opposé de l’échiquier politique syrio-canadien, le Collectif pour la Syrie à Montréal organise depuis cet été des événements pour dénoncer le non-respect des droits de l’Homme et soutenir les revendications à la liberté. Fares Rifai, de l’association syrienne de l’Université Concordia est aussi membre du Collectif. Il va participer à la manifestation du samedi 29 octobre. « Nous ne sommes pas pour Bachar el-Assad” revendique-t-il. Il ne parle cependant pas au nom de l’Association syrienne de Concordia, un regroupement culturel et non politique. Les divisions de la diaspora semblent refléter celles du pays. Fares, comme Abbou, est en contact direct avec sa famille. « J’ai parlé à mes amis et ma famille en Syrie. Les gens ne peuvent pas prononcer le mot « Liberté » sans avoir peur de se faire violenter. »
Pour lui, bien que ce soit le régime qui joue la carte sectaire, cela peut expliquer une partie de son soutien à l’extérieur du pays. « Beaucoup de syrio-canadiens profitent toujours du régime ici. C’est les connections, elles peuvent rendre la vie plus facile pour eux, s’ils retournent là-bas » dit-il.
« Je ne vous donnerai pas de pourcentages, mais ce qui est sûr c’est qu’il est impossible de compter les gens qui sont contre le régime, car ils ne peuvent pas se manifester. J’ai des amis qui sont en prison en ce moment. » D’où l’importance, même s’il reflète une certaine impuissance, du soulèvement de la diaspora dans les pays où les libertés individuelles sont protégées.
Le parti pris des médias occidentaux, s’il est véridique, semble inévitable étant donné que depuis le début du mois d’octobre les journalistes ne peuvent entrer en syrie. Selon Fares, seuls les journalistes pro-régime font des reportages sur place et seuls les vidéos des locaux alimentent les agences de presse internationales. « Si le régime n’avait rien à cacher, ils n’empêcheraient pas les gens de filmer. S’ils vous attrapent en train de filmer, ils vous jettent en prison. »
Ils étaient 200 à 21 heures à Montréal pour soutenir un président qui refuse de partir. À Homs, un centre industriel et économique en Syrie, chaque soir, des petits groupes se rassemblent pour minimiser la répression violente contre les manifestants et demandent, désespérés, la mort du président.