George Clooney nous a habitué à des films politiques et continue à s’aventurer sur les sujets autrefois tabous des dessous du pouvoir. The Ides of March est l’adaptation d’une pièce de théâtre de Beau Willimon écrite en 2008 et qui s’inspirait librement des primaires démocrates de 2004.
George Clooney signe la réalisation de ce film politique mais y incarne également l’un des candidats, un homme en apparence très droit, tant dans ses convictions que dans sa vie privée. Toutefois, le film s’attarde plus sur les chefs de campagne des différents prétendants au titre de Commander in chief et la guerre de communication sans merci que se livrent ces derniers. Pas de pitié en politique.
Le héros de l’histoire, interprété par Ryan Gosling, est un fringant conseiller de campagne, prêt à tout pour faire gagner son favori, Mike Morris (George Clooney). Il brille dans sa jeune carrière aux côtés de Philip Seymour Hoffman qui joue un directeur de campagne désabusé mais très à cheval sur ses principes. Evan Rachel Wood, de son côté, adopte le rôle d’une stagiaire au parcours un peu obscur qui devient très vite intimement liée au jeune responsable.Le scénario se moque des apparences de chacun et révèle le cynisme et les vices de chaque protagoniste pour nous donner une image plutôt sombre et alarmante de ces élites qui nous dirigent.
Finalement, ce film devient une analyse plus psychologique que politique et se concentre sur de nombreux sujets de société, à outrance parfois, ce qui donne peu de profondeur aux personnages. En effet, le scénario ne nous surprend qu’à peine et les actions se succèdent de façon trop prévisible, sans laisser le spectateur s’interroger sur les thématiques essentielles que le film ne pénètre qu’en surface.
Néanmoins, on peut noter une réalisation très soignée et une transition de la pièce de théâtre au film agréablement réussie tout comme une atmosphère de la vie politique habilement retranscrite. Ryan Gosling, pour sa part, caricature un peu trop son personnage de jeune carriériste utopiste sans lui donner de profondeur et Evan Rachel Wood ne semble pas prête, elle non plus, à se dégager de sa performance souvent trop structurée et sans relief.
Le film parvient cependant à se reposer sur la présence du charismatique duo (même s’ils n’ont aucune scène ensemble) que forment Philip Seymour Hoffman et Paul Giamatti, toujours excellents et qui exploitent efficacement les rôles qu’on leur a attribués.
George Clooney nous propose un cinéma très différent des productions de l’époque, même si les morales systématiques des films de l’acteur engagé ne sont pas toujours très pertinentes à la critique de nos contemporains.