Dans le cadre de sa série sur le sport, Le Délit s’intéresse au calibre des sports universitaires canadiens qui sont régis par le SIC (Sport interuniversitaire canadien), organisation qui représente et coordonne toutes les compétitions officielles sportives au Canada. Aux États-Unis, deux organisations chapeautent les universités : la NCAA et la NAIA. Qu’en est-il de leur niveau par rapport à celui du SIC ? Est-ce que les meilleurs athlètes canadiens doivent s’expatrier pour réussir ?
D’entrée de jeu, Earl Zukerman, agent de communication pour McGill Athletics & Recreation, et Peter Smith, entraîneur chef des Martlets au hockey féminin, mentionnent que le SIC a un très bon niveau et qu’il se compare tout à fait aux organisations au sud de la frontière. Pour monsieur Zukerman, il ne fait pas de doute que « les meilleurs joueurs, qu’ils soient dans les universités américaines ou canadiennes, réussiront à passer aux ligues majeures ». Pour monsieur Smith, au hockey féminin, « il y a très peu de différences entre les équipes canadiennes du haut [du classement] et les meilleures équipes américaines ». Il est cependant évident que le niveau de jeu dans certains sports au Canada n’est pas comparable à celui des États-Unis, comme c’est le cas pour le football américain ou le baseball.
L’une des principales différences entre les deux pays est sans conteste la publicité faite autour du sport interuniversitaire aux États-Unis. Alors que les grands événements universitaires, par exemple le March Madness, les Football Bowls et le Frozen Four, se retrouvent sur les grandes chaînes nationales de télévision, le sport universitaire canadien n’est que rarement présenté, et sur les chaînes spécialisées en sport. Un désavantage net qui n’encourage pas le développement d’une popularité pour nos athlètes et pour nos programmes universitaires. « Nous devons faire un meilleur travail de marketing » relève Earl Zukerman, qui mentionne aussi qu’une partie du problème réside dans « le manque d’intérêt de la part des médias pour informer [les étudiants et ceux intéressés par le sport universitaire]». Le nombre d’entrées et le soutien populaire semble aussi difficile à avoir même pour les équipes gagnantes comme c’est le cas pour l’équipe de hockey féminin de McGill, gagnante de quatre des cinq derniers championnats canadiens qui joue habituellement devant environ cent-cinquante spectateurs, une situation peu excitante pour les joueuses et pour les entraîneurs. « Nous aimerions avoir plus de soutient » plaide monsieur Smith, l’un des meilleurs entraîneurs-chefs de hockey au pays.
L’un des points positifs du sport universitaire canadien réside non seulement dans la qualité des programmes de sport, mais aussi dans la qualité du diplôme universitaire obtenu par les athlètes. Peter Smith mentionne que le critère numéro un dans le choix d’une université pour un athlète étudiant devrait être l’école elle-même. La qualité de l’enseignement des universités canadiennes fait une grande différence et un athlète étudiant doit « s’assurer d’avoir un diplôme reconnu au Canada ». Rechercher l’excellence même dans les résultats peut mettre un frein au recrutement d’athlètes surtout dans une institution comme McGill qui demande des moyennes générales de 85% à l’entrée. D’autres universités, notamment celles des États-Unis ne demandent pas de telles notes et il est donc plus facile pour elles de recruter, dans un bassin d’athlètes élargi.
Pour tous ces athlètes aspirant aux ligues majeures ou aux compétitions comme les jeux olympiques, le choix d’une université est primordial dans leur développement, mais il faut toujours se rappeler que ce n’est pas le programme qui détermine la réussite, c’est l’athlète qui, en collaboration avec ses coéquipiers et ses entraîneurs fait les efforts pour réussir. Malheureusement, tous ne parviendront pas au haut niveau et c’est pour cela que la réussite scolaire est tout aussi importante afin de ne pas se retrouver sans porte de sortie, si les objectifs ne sont pas atteints.