New York, une nuit d’août 1948, une terrible vague de chaleur. Anne Scheffer, en direct des studios de la NBC, fait vibrer sa voix dans l’obscurité d’une ville abasourdie par une canicule étouffante. Le timbre de son chant pénètre jusqu’aux solitudes urbaines. Dans une cafétéria, une serveuse. Au bord d’une fenêtre, un auteur dont le manuscrit vient d’être refusé, avec son compagnon. Leurs histoires, entrecoupées de quelques sobres paroles, ne se mêlent pas mais se reflètent dans leurs retraites respectives. La nuit sera longue, presque muette, magique et envoûtante.
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Le récit de Pascal Blanchet, originaire de Trois-Rivières, est sensible, émouvant. Le trait est noir, sombre et les pages sont chargées d’émotion. L’auteur n’en est pas ici à ses débuts ; il a en effet réalisé de nombreuses illustrations pour des journaux et magazines américains Penguin, The New Yorker, The National Post) avant de remporter le prix Bédélys du meilleur album québécois en 2005. Le succès s’est enchaîné pour lui dès 2007 avec Rapide-Banc qui a reçu une mention spéciale pour le Prix Marcel Couture, et Bologne, qui a obtenu deux prix Lux. Passionné de jazz et d’architecture, ce virtuose de l’illustration offre avec Nocturne un nouveau chef‑d’œuvre, preuve d’une maîtrise absolue de l’équilibre entre l’explicite et le sous-entendu, le dessin et le texte, l’ambiance et la narration.
Si le travail de l’auteur est parfait, le travail des éditeurs l’est également. Fidèles à leur habituelle excellence en matière d’édition, les Éditions de La Pastèque ont en effet créé avec Nocturne un magnifique objet, une merveille qui ne passera pas inaperçue.