Loin de moi l’idée de vouloir prendre position dans les derniers événements qui ont eu lieu sur le campus et ses alentours dans les dernières semaines. Une chose m’apparaît cependant de plus en plus évidente. L’administration de l’université ne sait plus comment réagir aux manifestations et aux positions prises contre elle. La paranoïa de l’administration dans sa prise de décision se reflète dans ses réactions aux derniers événements.La volonté de l’administration de forcer toutes les associations étudiantes et clubs d’enlever le nom de McGill dans le leur, l’intervention de l’escouade anti-émeute sur le campus le soir du jeudi 10 novembre, les multiples injonctions restreignant la liberté de piqueter des membres de MUNACA et l’attitude des gardes de sécurité qui, entre autres, filment les manifestants afin de documenter leur identité, en sont les exemples flagrants.
De par leur comportement, les administrateurs semblent complètement dépassés par les événements et leurs efforts pour minimiser la situation, comme les courriels de Michael Di Grappa sur l’état des négociations entre l’administration et MUNACA, ne parviennent pas à calmer les esprits. L’administration passe plus de temps à faire des relations publiques et à s’assurer que personne ne parle en mal d’elle qu’à négocier et à régler les problèmes.
Sa volonté de se dissocier de tout mouvement contestataire ou de toute forme de groupe pouvant revendiquer une position contraire à la leur, d’où la nouvelle mesure interdisant l’usage du nom McGill dans le nom d’un groupe étudiant, relève d’une peur complètement abstraite. De plus, lorsqu’une institution se met à filmer les étudiants en colère aux portes du Sénat ou du bâtiment James, on n’est pas loin ici d’un comportement digne des livres de George Orwell.
Le recours à l’escouade anti-émeute jeudi passé est tout aussi consternant quand, de chaque point de vue, on se renvoie la balle et on impute la responsabilité des dérapages à l’autre camp. Si nous en sommes arrivés à avoir l’escouade anti-émeute du Service de police de la Ville de Montréal à l’intérieur du campus, nous sommes particulièrement loin du climat de paix et du tout-va-pour-le-mieux-à-McGill que nous propose l’administration. Cette distance entre la paranoïa des administrateurs et la réalité des choses met à mal le climat qui règne sur le campus et ses alentours. Comment une institution universitaire peut-elle en arriver à ce type de comportement malsain et anti-démocratique auprès de ses propres employés et élèves ? D’après les événements récents, nous sommes très loin du « nous sommes tous McGill » proposé par Heather Munroe-Blum. Aujourd’hui, il est clair que l’administration semble beaucoup trop loin de la réalité pour pouvoir encore l’affirmer.