Sur les médias sociaux, nombreux sont ceux qui n’ont pas mâché leurs mots à l’endroit du nouveau logo de la Coalition Avenir Québec, bien différent des lettres calligraphiées qui avaient parcouru le Québec au cours des derniers mois.
Certains ont signalé sa forte ressemblance à celui du Parti Québécois puisqu’il reprend la forme d’un Q. De plus, parce que François Legault est un ancien ténor du PQ, la symbolique derrière cette similitude pourrait avoir des répercussions sur sa propre crédibilité et sa volonté de changement auprès de l’électorat.
En plus de noter cette ressemblance, d’autres ont remarqué son look inusité. Infoman a qualifié le logo de « toucan de Froot Loops qui rencontre un lifesaver », une comparaison colorée, à l’image du logo. Sur Twitter, le mot-clic #logodelegault était devenu un trend. Quelques-uns se sont même demandé si Sico, Prismacolor ou Crayola avaient contribué au financement de la CAQ, expliquant ainsi l’explosion de couleur. Sur Facebook, un membre de la communauté LGBT de Montréal a affirmé, en plaisantant, que « le village gai n’est pas caquiste et qu’il avait choisi ses couleurs de drapeau bien avant la sortie du logo de la CAQ » !
Le plus triste dans l’histoire c’est que Simon Boulanger, associé de l’agence Réservoir et graphiste-designer du logo, a dû intervenir à plusieurs reprises pour expliquer en quoi consistait le logo : « Le logo devait refléter le rassemblement. Celui de différents courants et opinions présents dans la société québécoise et qui ont choisi de se rejoindre dans une coalition. Les formes réunies et formant un cercle (le C de Coalition) sont volontairement de couleurs différentes pour souligner la diversité » démystifie-t-il.
Ainsi, la similitude à un diagramme en tarte est totalement assumée. D’autres en ont profité pour spéculer sur les pourcentages et la composition de cette Coalition. Sur Facebook circulait le logo-graphique montrant que 4,99% du « magma caquiste » sont des « enseignants qui attendent depuis 30 ans des augmentations de salaire substantielles », 2% sont « des lucides déçus », et que 19% sont des « souverainistes semi-mous de centre-droit modérés ».
Malgré le divertissement que procurent ces commentaires humoristiques, il est dommage que si peu d’attention médiatique soit portée sur les idées et le programme du parti. Pour de nombreux citoyens, l’ambidextrie politique dont souffre la CAQ ainsi que son silence sur la question constitutionnelle posent problème.
De plus, Monsieur Legault a laissé échapper un nombre effarent de « on verra » lorsque les médias lui ont demandé des précisions sur son programme. Or, des raisons bien évidentes expliquent ce mutisme. En ne s’étiquetant pas et en demeurant évasive, la CAQ peut aller chercher la majorité des votes libres et espérer remporter une majorité aux prochaines élections.
Mais cela reste à voir. Une telle victoire dépend de plusieurs facteurs. Notamment, il faudra voir si (ou plutôt quand) l’ADQ acceptera de se fusionner avec la CAQ. De plus, si Pauline Marois est éjectée de la tête son parti et que Gilles Duceppe se risque à prendre le contrôle du navire en détresse, les effets pourraient être dissipés.
Selon des études et sondages, une importante proportion des supporters de la CAQ serait composée d’anciens péquistes désillusionnés par la direction du parti. Dans le cas d’une arrivée de Gilles Duceppe sur la scène politique provinciale, le vote pseudo-nationaliste serait séparé entre la CAQ et le PQ. Le Parti libéral pourrait ainsi espérer remporter un quatrième mandat consécutif. Comme quoi l’énoncé « diviser pour mieux régner » est encore un concept d’actualité.