…les définitions ne sont pas exactes pour ce que signifie binge drinking en français. Pourtant, tout le monde en parle avec beaucoup d’inquiétude. Toutes les universités s’entendent sur la source de leur consternation : une culture de la boisson, des mauvaises habitudes de vie qui résultent en beaucoup de problèmes et, au final, une mauvais image de l’école en question.
Il n’y a peut-être qu’à l’École Polytechnique de Montréal qu’on voit la consommation de bière comme une source de fierté. En effet, la Poly est le deuxième plus grand acheteur de bières Molson, après le centre Bell. Comme quoi la culture de la boisson profite tout de même à quelques uns.
Les universités des provinces maritimes sont de fortes rivales en ce qui a trait aux beuveries. Des initiations dans les résidences qui tournent au drame, des événements à l’intérieur même de l’université uniquement basés sur la consommation à outrance… À McGill aussi les initiations ont déjà tourné au drame, rappelez-vous de l’équipe de football et de ses abus des manches de balai avec les jeunes recrues… Maintenant, terminées les longues semaines d’initiation et les pratiques douteuses : à présent, on parle plutôt d’intégration qui ne dure pas plus de quatre jours et qui est sous étroite surveillance.
D’ailleurs, le regroupement des journaux étudiants universitaires du Canada (la Conference University Press) s’en est donné à cœur joie tout l’automne pour monter un dossier sur « l’esprit spiritueux » ou la boisson en milieu scolaire. Comme quoi, il y a beaucoup à dire sur le sujet.
Pourtant, c’est un sujet un peu vain qui revient chaque année avant le temps des fêtes : Éduc’alcool trouve toujours un moyen plus élaboré pour attirer notre attention. Du 20 au 26 novembre avait lieu la semaine de la prévention de la toxicomanie au Québec. L’alcool et la conduite avec facultés affaiblies avaient leur place au menu de la campagne de sensibilisation. Un point pour l’organisme : une application pour téléphone intelligent qui calcule votre taux d’alcoolémie.
Le Québec est-il plus ou moins bien qu’ailleurs ? En 1970, le Québec était la province qui dépensait le moins en alcool, par personne et par année, au Canada. En 2010, le Québec arrive cinquième.
La « culture de la boisson », comme on se plaît à l’appeler, existe réellement. Il y a peu de personnes qui boivent parce qu’ils aiment bien le goût de ce qu’ils boivent. Il y a ceux qui boivent parce qu’ils sont entre amis, d’autres qui boivent parce qu’ils sont seuls ; il y a ceux qui boivent pour oublier une peine d’amour, qui boivent pour cruiser, qui boivent pour oser, qui boivent pour danser…
Une nouvelle étude, parue en octobre en Alberta, parle d’«alcoorexie » ou l’habitude de ne pas manger de toute la journée pour garder son argent, et ses calories, pour une fin de soirée arrosée. Avec le ventre vide, se soûler n’est plus un problème, même pour les plus coriaces ! L’étude soutient que les filles demeurent plus à risque, car elles sont généralement plus conscientes de la quantité de kilojoules qu’elles ingèrent.
Ce que je tiens à dire pour notre défense (à nous, étudiants débauchés) c’est que le monde universitaire est stressant. À McGill et ailleurs, la charge de travail est importante et prendre un verre peut parfois aider à survivre à la fin de session. Quand la quantité de travail s’accumule, que les responsabilités vous écrasent, un bon petit whisky, une coupe de vin ou une pinte de bière fait parfois bien mieux le travail que la méditation ou l’étude compulsive. Après, il sera bien temps de continuer.
Et je ne dis pas que cette stratégie est sans faille, je tente simplement d’expliquer pourquoi, hier soir, alors que je devais étudier pour un examen, faire des entrevues, écrire deux-mille mots et survivre à une journée qui avait commencée à 6 heures, après avoir dormi cinq heures, je n’ai pas vu d’autres options pour accepter mon sort que de boire à la santé du semestre qui se termine en débandade.
Le principal problème à la base de l’abus d’alcool récurrent, toutefois, est tout autre. Je crois fermement que celui ou celle qui tient à sa santé et qui dépend de son corps pour fonctionner y repensera à deux fois avant de se paqueter la fraise. Les sportifs qui doivent se lever le matin pour s’entraîner ne peuvent se permettre de boire à outrance par exemple. Les musiciens qui ont huit heures de pratique à faire derrière leur instrument doivent avoir tout leur corps et leur esprit pour y arriver. Les chanteurs qui se servent de leurs cordes vocales ne peuvent pas abimer leur précieux outil de travail. Et j’en passe.
Finalement, que ce soit le stress ou l’ennui qui vous pousse à boire, au moins, faites-le de manière à ne causer préjudice à personne, question que tout le monde passe une fin de session et un temps des fêtes en une seule pièce et heureux de l’être.
Le Délit vous souhaite un excellent repos !