À environ 30 minutes de train de banlieue de la ville de Hong Kong, la douane chinoise semble probablement aussi épeurante que celle des États-Unis, mais une fois franchie (malgré quelques incompréhensions sur une question de visa avec la douanière et un ami français contraint de retourner à Hong Kong puisque détenant un passeport français), peu de villes ne laissent aussi perplexe. Je m’explique. Près de 3,6 millions de personnes habitent la ville et celle-ci a connu dans les dernières années un développement phénoménal grâce aux investissements massifs dans les usines de la région. C’est d’ailleurs dans cette région qu’est fabriquée la grande majorité des produits « made in China ». Elle est donc une plateforme majeure de l’économie mondiale et des échanges commerciaux. De plus, grâce à sa proximité avec Hong Kong, elle suit le développement de cette dernière et fait figure de porte de sortie pour les produits chinois à l’exportation ou porte d’entrée pour les produits mondiaux à l’importation.
Cette position est favorable aux échanges internationaux et donc des gens de partout viennent y investir ou y faire des affaires. De plus, lorsque l’on visite la ville, on doit s’arrêter à Window of the World, parc d’attraction qui regroupe les principaux monuments mondiaux dans quelques centaines de mètres carrés, on peut donc y prendre un café devant la Tour Eiffel, à côté du Taj Mahal ou de la Maison Blanche. Ce parc donne donc la chance aux habitants de la ville de voyager un peu, moyennant 140 yuans (22 dollars CAN) et donne une impression d’ouverture au monde à ses visiteurs. Mais lorsque l’on s’y promène, c’est une ville des plus tranquille et des plus paisible dans laquelle des avenues d’au moins six voies se promènent entre les immeubles immenses et les gratte-ciels.Seul problème : où sont les trois millions d’habitants de la ville ? Shenzhen est tellement étendue qu’elle laisse l’image d’une ville fantôme. Dans certains quartiers à grands immeubles, on peut s’y promener pendant plusieurs minutes sans rencontrer âme qui vive. Les arbres sur les trottoirs étouffent le bruit ce qui rend la ville véritablement paisible et tranquille (ennuyante?). Ceux qui ont déjà écouté des films qui se passent en URSS ou en Allemagne de l’est peuvent avoir l’image de ces rues grandissimes, mais où rien ne semble jamais arriver…
Lorsque le touriste a le sentiment d’être le seul à fouler le sol de la ville, c’est peut-être là, la différence entre une ville dortoir et une ville vivante et plaisante à vivre. Les villes parfaites et calmes sont nettement plus ennuyantes et, malgré ce qu’on peut reprocher à certaines cités au sujet de la propreté ou de la vie de quartier (hmm hmm Montréal), les villes comme Shenzhen doivent faire un effort pour non seulement s’internationaliser, mais donner aussi une véritable qualité de vie à ses citoyens, pas seulement la possibilité de magasiner et de se promener en voiture.