C’est en 2008 que le MCeX, le Marché climatique de Montréal, a été créé par la Bourse de Montréal en collaboration avec le Chicago Climate Exchange. Le but annoncé était d’offrir une chance aux entreprises montréalaises de relever les grands défis environnementaux de notre génération. Sur ce nouveau marché « vert », les émissions produites par les entreprises de la région métropolitaine obtiendraient un prix et pourraient être ainsi achetées ou vendues sous forme de contrats, selon la performance : les plus polluantes pourraient acheter ces contrats d’émissions, tandis que celles polluant le moins pourraient en vendre et donc se faire un profit additionnel. Malheureusement, la même année, faute de l’adoption d’un cadre réglementaire par le gouvernement conservateur de Stephen Harper, cette bourse n’a pu réellement s’implanter.
En janvier 2012, Richard Bergeron, chef du parti Projet Montréal, dépose une motion pour créer une bourse du carbone pour Montréal et pour « devancer le gouvernement fédéral dans ce domaine ». Monsieur Bergeron est très clair : adopter cette motion serait la meilleure façon de devenir les premiers en Amérique du nord à mettre en place un tel projet et ainsi devancer la concurrence, qu’elle soit européenne, chinoise, ou autre.
De plus, Richard Bergeron semble avoir bon espoir que la motion sera adoptée et qu’elle sera bénéfique pour Montréal et pour tous les Québécois. La différence cette fois-ci, comparé à 2008, est que le gouvernement du Québec obligerait toutes les entreprises à participer à ce nouveau marché.
Cependant, avec les récentes nouvelles concernant le départ de plusieurs grosses entreprises installées au Québec depuis des années, il serait logique de penser que la création de cette bourse serait un tantinet futile. Comment fonctionnerait cette machine marchande sans entreprises pour l’alimenter ? En réponse à cette question, monsieur Bergeron indique que ces entreprises, ayant quitté le sol québécois, se sont déplacées en terres plus compétitives ; vers l’Asie et l’Amérique latine. C’est pour cette raison qu’il faut « chercher des créneaux dans l’économie du futur, et non dans l’économie d’hier » précise-t-il. Comme exemple, il cite l’industrie du jeu vidéo qui est en ce moment en pleine expansion à Montréal. Le chef du parti croit « qu’il y a des domaines où ils ne peuvent pas nous concurrencer » et que c’est aux Québécois de les identifier.
Si cette bourse offre de nombreux avantages importants, ce système est très souvent critiqué, principalement parce qu’il encourage la spéculation sur le marché, mais aussi parce que le système « utilise les mécanismes du marché pour fonctionner », comme l’explique le chef de Projet Montréal. Celui-ci assure que seulement « 20% à 30% du total de l’économie en cause iront aux coûts administratifs ». C’est probablement l’une des raisons pour laquelle le chef du parti ne croit pas que la bourse sera très bien acceptée par la population. Il explique toutefois qu’elle pourrait agir en tant que phare, en tant que trophée que les Québécois pourraient brandir fièrement. Il croit que la clé est d’avoir l’audace d’aller de l’avant et de prendre des risques puisque ce type de marché démontre un potentiel grandissant dans le monde. Citant Barcelone, qui selon lui est présentement en train de déclasser Paris en terme d’innovation environnementale, Richard Bergeron affiche le profil d’un visionnaire réaliste ayant à cœur les intérêts environnementaux de sa ville. Pour illustrer le fond de sa pensée, celui-ci croit que cette bourse pourrait bien permettre à Montréal, et au Québec, de devenir un pôle majeur dans une économie mondiale « verte », comme Bombardier l’a fait au fil des ans dans le secteur ferroviaire et aéronautique.
C’est le 23 et 24 janvier que Richard Bergeron et son équipe ont déposé cette motion au conseil municipal de la ville de Montréal, qui a été acceptée à l’unanimité. Le ministre Arcand s’est ensuite prononcé en faveur de son adoption. Présentement, la bourse est au un stade expérimental jusqu’au début de l’année prochaine. Ensuite, elle entamera une première période de deux ans et inclura la plupart des entreprises montréalaises. Les compagnies pétrolières ne se joindront à la liste que quelques années plus tard.