Quelques uns de leurs gestes pourraient en effet être loués, à l’instar de leur désir de vouloir protéger la population étudiante de McGill des effets néfastes de la hausse des frais de scolarité. Malheureusement, le comportement de ces partisans du “Non à la hausse!” durant l’assemblée générale de l’AÉFA le 2 février peut laisser un goût amer pour plusieurs raisons.
Premièrement, concernant le contenu du texte supportant la motion, d’entrée de jeu ce texte était partisan par les mots employés, les tournures de phrases très « révolutionnaires », ainsi que le manque total de mention de ceux en faveur de la hausse des frais de scolarité. Suivant sa lecture, des mains se sont levées timidement. « Le comité, si créé, offrira-t-il de l’information et de l’aide aux étudiants voulant connaître les points positif d’une hausse des frais de scolarité ? » La réponse fut malheureusement toute aussi timide, comportant même au début de l’élocution un bref bégaiement de la part d’un des défenseurs de la motion. « Ce document nous a demandé du temps et beaucoup d’efforts. En plus, cette assemblée est constitutive ! », répond un autre. « Spot on ! » Comme on dit en anglais.
Mais faire adopter la motion par une cinquantaine d’étudiants partisans, et qu’ensuite cette adoption ait force de représentation sur l’ensemble des étudiants de l’AÉFA, ce n’est pas démocratique du tout ! Ça ne le serait pas non plus si le clan opposé avait également présenté une motion tout aussi partisane. Rappelons que le sujet principal de cette motion est non seulement en rapport direct avec un problème plus large, mais que celui-ci est d’actualité et extrêmement compliqué. Moi-même je vacille encore entre les deux positions. Mon opinion est donc (malheureusement) simple : je crois qu’en ce moment le processus de l’assemblée générale sacrifie un aspect fondamental de la démocratie, celui de la représentation, au bénéfice d’être constitutionnel.
Bien évidemment, dans un cas de démocratie directe, la force et la légitimité des décisions prises reviennent au nombre de participants, ainsi qu’au pourcentage de représentation. Mais comme l’a correctement précisé un collègue du McGill Tribune, ce pourcentage est tristement un peu lié à la taille de la salle.
Deuxièmement, c’est l’action très particulière de deux partisans soutenant la motion qui peut être questionnée. Dans le feu des questions et des débats, des étudiants de l’assemblée se sont levés pour sortir. Puisque l’assemblée n’était pas en train de voter, ces gens avaient parfaitement le droit de quitter la salle et je dirais même la responsabilité. Et voilà que ces deux jeunes hommes accourent à l’arrière de la salle pour « discuter » avec les « briseurs du quorum ». N’ayant remarqué cet échange que quelques minutes plus tard, je ne peux rien affirmer avec certitude.
Mais cela n’a pas empêché un étudiant de le signaler au président de l’assemblée. Je n’accuse pas ces deux individus d’avoir essayé de forcer les gens à rester. Cependant, est-ce vraiment sérieux de ne pas se poser des questions sur cette attitude ? Depuis quand faut-il intervenir lorsque des gens ne se sentent pas prêt à voter sur un sujet qu’ils ne comprennent peut-être pas entièrement, et veulent quitter les lieux pour ne pas commettre une faute ? Pour des personnes se disant ouvertes au dialogue transparent, je doute fort que des discussions en cachette, à l’arrière de l’assemblée, soient très conforme à ce principe…
Néanmoins, l’exercice de la démocratie directe en vaut la chandelle : il y a l’échange d’idées et de points de vue, le questionnement et la réflexion, ainsi que la chance de pouvoir exercer un droit et un devoir très souvent bafoués : celui de voter. Je retourne donc à un point que j’ai énoncé plus haut : il est crucial de stimuler le désir des étudiants de vouloir prendre part à cet exercice, même de ceux se disant très politisés et proactifs, surtout lorsque certaines motions ont plus d’importance que d’autres.