Misteur Valaire, avec ses nombreuses tournées en Amérique du Nord et en Europe et ses albums numériques comptant plus d’une centaine de milliers de téléchargements légaux, est l’un des grands succès de la musique québécoise. Lorsque les gars de MV troquent leur gigantesque installation scénique et leurs vestes en fourrure synthétique pour des wife-beaters, des pinch mous et un équipement électronique épuré, ils deviennent Qualité Motel.
Samedi dernier, Qualité Motel a transformé la Cinémathèque québécoise, une institution culturelle propre et polie, en jungle électro. Avant la fin du spectacle, la scène était envahie de spectateurs qui se sont emparés des micros pour chanter sur What Is Love et autres remix de succès populaires. Même Brigitte Poupart, réalisatrice du film de clôture Over My Dead Body, était montée sur les planches pour y danser, chanter et boire avec les musiciens.
Quelques heures avant le spectacle, Le Délit a recueilli les impressions de Luis Clavis, percussionniste et vocaliste du groupe.
Le Délit : Qu’est‑ce que Qualité Motel, et pourquoi avez- vous décidé de créer un projet distinct de Misteur Valaire ?
Luis Clavis : Ça a commencé quand on nous a demandé de faire un DJ set avant et après nos spectacles. Comme on n’avait pas envie de simplement amener un ordi et de lâcher de la toune, on s’est dit qu’on pourrait faire un DJ set tout simple avec quelques synthétiseurs et une vieille boîte en bois qui lâche des beats. On a commencé à monter du matériel avec ça, en lâchant des a capella et en remixant des chansons connues mélangées avec des compositions originales.
Le but était d’en arriver à une version légère de Misteur Valaire, avec beaucoup moins de responsabilités et d’enjeux. Notre équipement rentre dans une auto, on peut jouer là où on ne peut pas avec Misteur Valaire, comme dans les soirées privées. MV ça prend des gros kits de son, des gros stages… Avec Qualité Motel on ne met pas autant d’énergie au point de se pitcher sur les murs, mais on en met assez pour faire lever les partys. Ce soir, le but c’est qu’il y ait beaucoup de monde et une ambiance déjantée.
LD : Qu’est‑ce que cela représente pour vous de faire le spectacle de clôture des RVCQ ?
Luis : C’est sûr que c’est un honneur, mais c’est surtout particulier parce qu’on joue après la projection du film de Brigitte Poupart. On a eu la chance de faire la musique sur son film Over My Dead Body, qui porte sur la vie de Dave St-Pierre [danseur et chorégraphe québécois, NDLR].Malheureusement on est en spectacle à Châteauguay ce soir avec MV avant le show de Qualité Motel, donc on n’aura pas la chance d’être avec Brigitte pour la première de son film. On sait que c’est un gros enjeu pour elle et qu’elle est assez énervée. Elle est habituée de faire mille projets, mais là, que ce soit un film aussi personnel… On se reprend bien justement par le fait que tout de suite après la projection, nous autres on débarque, on s’en vient faire lever le party. On fait ça aussi pour Brigitte, pour la faire décompresser. C’est une belle manière de faire partie de la Nuit Blanche et d’être avec tous ceux qui ont participé à ce film dont on a fait la musique.
LD : Quels sont les prochains projets de Qualité Motel ?
Luis : On a commencé le 1er février à faire un album qui doit être fini dans trois jours. On s’est donné un petit mois pour faire un album très, très vite. Ça donne un résultat qui nous a tous mis sur le cul, vu qu’on ne se donne même pas le temps de se demander « Est-ce que ça nous ressemble ? », de se remettre en question par rapport à nos mix et à nos compositions. On beurre épais et on ne se gêne pas pour aller dans le gros pop.
Dans trois jours il faut qu’on arrête de mixer et ça va sortir en magasin le 2 avril. On a un gros show à la SAT [Société des arts technologiques, NDLR] le 7 avril pour fêter le lancement de l’album.
LD : Et que se passe-t-il avec Misteur Valaire ?
Luis : On s’est pris un deux semaines en campagne, dans le coin de la Mauricie, pour composer. C’était la première fois qu’on com- posait pour Misteur Valaire depuis la sortie de Golden Bombay [le troisième album du groupe, sorti en 2010, NDLR]. On a du nouveau maté- riel qui s’en vient tranquillement, on va poursuivre la composition en 2012 pour sortir un nouvel album en 2013. À travers ça, on continue les tournées, on fait encore des allers-retours vers l’Europe pour les gros festivals de l’été, et même vers d’autres continents éventuellement.
LD : À quoi ressemblera le son du prochain album de MV ?
Luis : C’est sûr qu’on va garder le son et l’instrumentation de MV. Mais la façon de travailler qu’on a développée avec Qualité Motel va influencer MV : on n’aura pas peur de cochonner nos synthés ! À travers ça, on va essayer de garder un coté funky, avec des cuivres et de l’instrumentation acoustique.
Propos recueillis par Raphaël Dallaire Ferland