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La puissance de Facebook

C’est ce qui s’appelle de la pub 2.0.

Webmestre, Le Délit | Le Délit

La coalition congé en est aux derniers milles de sa campagne pétitionnaire. Le nouveau mouvement, qui a envahi les toilettes de McGill et les murs du métro avec ses panneaux publicitaires, a pris les grands moyens pour obtenir son « nouveau congé en mars ». Sur Facebook, il lui faut 500 votes favorables à l’ajout d’un jour de congé.

Cinq cent votes… Sur Facebook… Et la coalition aura effectivement la crédibilité de toute pétition devant le gouvernement ?
La coalition demande un nouveau congé férié entre le Jour de l’an et Pâques, et semble avoir dépensé un paquet pour faire entendre son opinion. La réaction des citoyens est plus ou moins favorable : certains demandent plus d’information sur les organisateurs (en effet, qui sont-ils?), d’autres veulent savoir d’où provient l’argent de la campagne publicitaire (ils doivent avoir dépensé des milliers de dollars), d’autres demandent finalement que le congé se fasse en février, et non pas en mars. D’une manière ou d’une autre, la coalition congé a fait jaser sur les réseaux sociaux et arrive à 492 « j’aime » sur Facebook au moment de mettre sous presse.

Il y a de nombreux points à éclaircir quant à la campagne de la coalition congé. D’abord, on ne les connaît pas. « Nous avons formé une la coalition congé » ne dit strictement rien sur l’identité du « nous » et, franchement, il reste difficile d’adhérer à une campagne faite par monsieur Facebook, aimée par 492 petits amis. D’ailleurs, ils refusent les demandes d’entrevue.

Ensuite, « ils » (ceux-dont-on-ne-connaît-pas-le-nom) s’affichent partout. Des toilettes, aux arrêts d’autobus, « ils » nous inondent d’une publicité outrageusement négative. Les « Avouez-le, vous seriez bien mieux ailleurs » ou  « Levez-vous contre le fait de vous lever » mettent en relief un besoin d’évasion qui dénigre le fait de travailler.

Finalement, le fait que la coalition se soit développée à partir d’un médium tout à fait virtuel la discrédite pour de bon. Franchement, une coalition qui a des amis Facebook comme seuls supporters… D’ailleurs, c’est un peu comme l’a fait le Mouvement des étudiants socialement responsables du Québec : avec sa plate-forme de propagande active sur Facebook, les 3 277 membres ont pu apprécier les prouesses discursives d’une porte-parole qui a été invitée à Tout le monde en parle la semaine passée.

Comme quoi ce n’est pas parce que c’est monsieur Facebook qui le dit qu’il faut y croire.

***

Après un moment de réflexion, l’illumination. J’ai compris d’où provient la coalition congé. Ce n’est pas d’un groupe obscur de citoyens indignés, car ils se seraient nommés, auraient présenté leurs arguments avec crédibilité. Ce groupe veut faire jaser et, tranquillement, inspirer la communauté à réellement questionner la possibilité d’un congé. Qui dit réseaux sociaux dit popularité, qui dit popularité dit visibilité. Et qui se mourrait d’avoir un peu de popularité à l’heure actuelle ?

La première hypothèse, c’est que la coalition congé est une conspiration libérale. Des membres du parti entretiennent les réseaux sociaux et font en sorte que les citoyens s’indignent face à leur sort. En suscitant des réactions, la coalition attend avec impatience l’engouement des citoyens la soumission de la pétition au Parlement. Le gouvernement (qui a les étudiants, les environnementalistes et les Autochtones à dos) s’empressera d’accepter la proposition. Les libéraux espèrent ainsi monter dans les sondages.

L’autre hypothèse, peut-être plus crédible, mais moins sexy, réside en la possible participation des syndicats dans la campagne. Dans le but d’atteindre des standards imposés par les autres provinces, les travailleurs syndiqués revendiquent leur droit à l’égalité.

La dernière hypothèse : une grande fumisterie. Il y a quelqu’un, quelque part, qui trouve bien drôle que l’on dépense de l’énergie à discuter la coalition congé.


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