La semaine dernière, juste avant l’assemblée générale de la faculté des Arts, l’administration de l’Université McGill a publié un communiqué dans lequel on pouvait lire que l’administration ne respecterait pas le résultat du vote dans l’éventualité que celui-ci soit en faveur de la grève générale illimité. Pour plusieurs, cette démarche est un exemple parfait de l’arrogance des administrateurs de l’université, ainsi que du fossé séparant le corps étudiant à la structure administrative. Nombreux sont ceux à avoir pensé que l’administration ne changerait pas d’attitude dans le futur proche et éloigné. L’administration est généralement vue comme un frein aux aspirations étudiantes déviant trop de la ligne conductrice établie par les hauts dirigeants de l’université. Mais qu’arrivera-t-il lorsque les propositions émanant du corps étudiant deviendront de plus en plus séduisantes et nécessaires ?
En ce 16 mars 2012, un groupe très important composé d’étudiants, de professeurs, d’employés, et même de membre venant d’ailleurs au pays et dans le monde, s’est réuni à la cafétéria du Royal Victoria College (RVC) dans le but de démarrer le projet « Vision 2020 ». Celui-ci se déroulera durant une année complète, sera composé de plusieurs conférences participatives ayant un format de « World-café », c’est-à-dire regroupant des participants de diverses origines et disciplines dans un environnement ouvert et participatif, et aura pour but de créer un agenda pour les années à venir dans le but d’améliorer et d’embellir l’image de McGill en temps que leader dans le développement durable. Selon George McCort, une célébrité dans le département d’environnement à McGill, l’idée serait soit de « rendre McGill un modèle pour les autres universités montréalaises, ou de rendre ses étudiants de réels ambassadeurs du développement durable dans la ville et dans le monde ».
C’est dans cette optique que tous les gens rassemblés, assis à des tables par petits groupes, ont commencé à partager leurs idées sur différents thèmes reliés à l’état du développement durable à McGill en ce moment, ou les démarches qu’ils aimeraient accomplir jusqu’à 2020. C’est dans des moments comme ceux-là que l’on peut voir clairement ce qui fait la force des campus : les idées fusent de partout, les gens se questionnent entre eux, ajoutent des détails aux idées des autres, partagent leurs expériences personnelles avec telle ou telle organisation.
Mais ce qui est important de retenir dans ces échanges sont les façons « de connecter les différents membres d’une communauté », selon Lilith Wyatt. En fait, plusieurs des idées exposées gravitaient autour de ce thème en particulier. Par exemple, comment prévenir que les étudiants s’enferment dans leur discipline respective, comme ont tendance à le faire les étudiants en droit, économie, ou génie civil ? L’une des solutions pourrait être d’introduire un pré requis dans le curriculum des classes qui serait de réunir des étudiants de diverse discipline dans le but de collaborer sur un projet semestriel.
Mais « Vision 2020 » n’est pas que le fruit des efforts de professeurs ou administrateurs. Le Délit a rencontré Susanna Klassen, étudiante en environnement et bénévole avec le bureau du développement durable à McGill. La semaine passée, Susanna et ses collègues avaient pour mission de non seulement promouvoir le dit événement, mais aussi de penser aux possibles répercussions qu’aurait cette rencontre. Comme elle nous l’a dit en riant, « on a eu beaucoup de mal à comprendre l’étendue de ce projet puisqu’il est non seulement multidisciplinaire, mais est aussi étalé sur une très longue période de temps ! » Elle nous a expliqué qu’a la fin de cet exercice consultatif, un document sera rédigé regroupant les idées des membres de la communauté. Celui-ci pourra ensuite être consulté par les élèves, professeurs, ou administrateurs de l’université, et pourra ainsi servir de modèle pour de futurs projets de développement durable.
Si, selon Susanna, plusieurs étudiants semblent être pessimistes quant à la réussite de ce grand projet, mademoiselle Klassen croit que « l’université a besoin de changement, de renouveau », ce qui clorait le bec des prophètes de malheur.