La présence médiatique dans une manifestation représente la seule estafette entre le spectateur et la « réalité ». On ne peut ressentir une peur fondée et étalée sur trois heures dans une vidéo de deux minutes réalisée par des journalistes.
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Parallèlement, les victimes de la répression policière et leurs défenseurs s’étonnent de l’utilisation de la matraque qui ne semble appartenir à personne alors que la pierre lancée dans la vitrine du BCBG elle, appartient à 2 000 personnes. D’où l’importance de comprendre l’action politique d’un Black Bloc à travers une manifestation, pour la sécurité des autres manifestants. La police justifie son pouvoir coercif et sa répression particulièrement oppressante du 15 mars par les actions des quelques manifestants s’étant adonnés au vandalisme anticapitaliste.
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Les étudiants, confrontés à la myriade ahurissante de policiers présents, n’étaient plus libres de marcher pour faire la critique de la répression policière dont ils sont souvent victimes. L’ambiance sonore suffisait à se sentir dans un autre pays ; des bombes à quelques secondes d’intervalles, le bruit étouffant des hélicoptères, les cris des manifestants enragés, des gyrophares, et le tout dans un périmètre encerclé infranchissable à moins de piétiner un mur de policiers s’adonnant à du profilage.
C’est cela l’impuissance du révolté, la stérilisation de la mobilisation.