Le 24 mars 2012
Cher Jean-Pierre,
Je me souviens quand tu avais sept ans –mon fils tu étais trop mignon. Tous les garçons avaient les cartes Pokémon, et tu m’as demandé de te les acheter aussi.
Comme les autres, tu voulais jouer avec des cartes Pokémon. Et encore, pendant l’école secondaire, tu as décidé de boire aux soirées, parce que tes amis l’ont fait aussi. Tu m’as tellement déçue.
Mais maintenant, tu es un adulte, un étudiant à l’Université de Montréal et tu as l’âge de te forger tes propres opinions. J’espère que tu prendras de sages décisions.
Cependant, l’autre jour, j’ai vu quelque chose qui m’a donné la chair de poule. Dans une file d’attente avec mes collègues, la scène a transpiré devant mes yeux à travers le plexiglas de mon pare-brise.
Les masses d’étudiants criaient passionnément ; le rythme de leur clameur émanait des carrés rouges qu’ils portaient sur leur cœur. Ils devenaient fous, se moquaient de nous et chantaient « on veut étudier ; on veut pas s’endetter ! »
Tout à coup, dans le bruit et la fureur des étudiants, il y a eu un fracas dans le vide entre les deux groupes. Quelques étudiants ont retourné notre voiture de flic !
Il y a eu un moment de silence complet, et après l’espace autour de la voiture a fusé comme un volcan. La voiture était en flammes et les étudiants se sont répandus comme des torrents de lave, engloutissant la rue. Au beau milieu de cette pagaille, entre les flammes de la voiture, je t’ai vu. Je me suis arrêtée un instant, et à ce moment précis, je ne t’ai pas reconnu. Tu étais un étranger.
J’ai pris du temps avant d’écrire cette lettre pour penser aux événements de cette journée-là. Je sais que, même si je suis fâchée, je dois respecter tes opinions. Je vais le faire, mais seulement si ce sont tes opinions et que tu es informé sur leurs conséquences.
S’il te plait, exprime-toi d’une façon responsable. Même si tu habites chez ton père, n’oublie pas que tu es mon fils aussi. Tu me manques.
Fais attention à toi,
Maman
Anna-Lee Beamish, Bushra Ebadi, Erica Jewell, Maija Sidial Whitney et Shahir Omar