Vendredi dernier s’est ouvert le Festival international de la littérature (FIL). Il s’agit d’un événement culturel qui, malgré son nom assez obscur et sérieux, a le mérite d’attirer toujours plus de curieux. Son objectif est le suivant : donner à vivre une expérience littéraire collective pour attiser le goût de la lecture. Pour cela, et depuis déjà dix-huit ans, le FIL propose une foule d’activités en plein cœur du quartier des spectacles. Des spectacles littéraires, des hommages littéraires, du cinéma littéraire, des ballades littéraires… tout un joyeux cortège d’attractions diverses et variées se met en branle à notre plus grande joie dans le but de nous cultiver.
Parmi les événements les plus marquants, un titre se démarque d’emblée ; la première représentation n’a même pas encore eu lieu qu’on le cite déjà comme « l’événement de la rentrée littéraire ». Il s’agit du spectacle du célèbre acteur et comédien Jean-Louis Trintignant, Trois poètes libertaires du XXe siècle : Vian, Prévert, Desnos. Encensée par les critiques parisiennes, cette production met en scène les trois auteurs à travers des histoires que conte monsieur Trintignant depuis son fauteuil, accompagné par un accordéoniste ainsi qu’un violoncelliste.
Sur une note beaucoup plus jazz, un autre spectacle mêlant littérature et musique nous est présenté par l’écrivaine Nancy Huston. Dans Le Mâle Entendu, l’auteure jouera sur scène une histoire écrite par ses trois musiciens. En prenant leur parole et en racontant leur expérience d’homme, elle mettra en perspective la situation de la femme contemporaine. Le passage de la musique aux mots ne peut être qu’intéressant.
Le FIL propose aussi des « Rendez-Vous Quotidiens » : chaque jour de la semaine, certaines activités sont présentées dans des installations spatiales précises, ce qui donne un certain rythme événementiel au festival. Chacune de ces journées est ainsi l’objet d’un foisonnement d’événements à caractère littéraire : apéros poétiques au Cabaret des Terrasses Saint-Sulpice ; lectures publiques sur la Place Pasteur de l’UQAM ; concerts, flashmob et ateliers en tous genres sur le parterre du Quartier des spectacles.
Comme dans tout festival qui se respecte, le flâneur se voit contraint de faire des choix dans la programmation s’il veut finir par assister à un des multiples événements qui sont proposés. C’est donc d’abord dans l’indécision que j’ai commencé ma visite de l’installation éphémère Pause Lecture, située dans l’Espace Culturel Georges-Émile-Lapalme de la Place-des-Arts. Dans ce lieu de passage, le FIL propose une véritable pause aux passants, et les invite à prendre le temps de lire. Une quinzaine de chaises de toutes sortes (selle de vélo, chaise pour bébé, siège de toilette…) sont disposées sur un large tapis vert et sont agrémentées, de ça, de là, de piles de livres. Les gens regardent l’attraction avec curiosité, certains s’arrêtent le temps d’un chapitre, et les enfants sont les plus enthousiastes comme toujours. Pour ma part, il m’a fallu un superbe chapitre de L’Homme blanc de Perrine Leblanc ainsi qu’un hamac bien moelleux pour m’assoupir sans prendre garde ! Après un réveil rapide et une courte réflexion, cette installation du FIL résonnait joyeusement dans ma tête avec le 7e droit imprescriptible du lecteur : « Le droit de lire n’importe où » (Daniel Pennac).
La suite de ma soirée au FIL s’est déroulée au parterre du Quartier des spectacles, pour assister à une superbe prestation de la Horde Musicale, un groupe a capella qui mettait Boris Vian à l’honneur.
Le seul regret que je peux émettre est celui de savoir que le festival a failli ne pas avoir lieu, faute de financement. Mais bon, le débat sur la place de la culture dans la société du XXIe siècle me dépasse encore de quelques centimètres. C’est pourquoi je vous proposerai simplement d’aller vous écraser dans le hamac de l’installation Pause Lecture avec L’écume des jours de Boris Vian, à défaut de pouvoir assister au spectacle de Jean-Louis Trintignant qui est complet !