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En Aston Martin nous mourrons

Le 28 septembre 1962, sur l’autoroute de l’Ouest, sur le pont de la Celle-Saint-Cloud, une Aston Martin DB4 lancée à pleine vitesse quitte la route. Deux vies s’achèvent ce jour-là, celle de Roger Nimier, écrivain de 36 ans, et celle de son amante, Sunsiaré de Larcône, écrivain de 27 ans. Mais pourquoi donc se pencher sur la mort de ce jeune couple en ce  maudit septembre 6 ? C’est avant tout parce que c’est la mort et la sacralisation d’une certaine idée de la jeunesse dont nous commémorons les 50 ans cette année. Pour comprendre ce qui me motive à revenir sur cet événement ainsi que pour saisir son importance, il faut se pencher sur le personnage de Roger Nimier.

Né en 1925 à Paris, il grandit dans la capitale de l’entre-deux-guerres, puis dans une Europe en guerre. Élève brillant, il obtient son baccalauréat en 1942 et entame ses études à la Sorbonne. En 1945, à l’âge de 20 ans, au 2e régiment de hussards il participera à la fin de la guerre. Cet épisode guerrier, à l’aube de sa vie de jeune adulte, marquera profondément son œuvre et sa vie. 

Après-guerre, il entame une carrière prolifique en tant qu’écrivain, journaliste, critique, éditeur et scénariste. Il en vient à représenter une certaine jeunesse insolente, dynamique et anticonformiste, en nette opposition esthétique et idéologique avec les existentialistes et les « intellectuels engagés » comme Jean-Paul Sartre, ainsi qu’avec les gaullistes. Roger Nimier se pose donc, à l’époque, comme l’alternative jeune aux politiques rances du moment. Il n’est pas seul, un courant littéraire dont il sera désigné comme chef de file naît dans les années 50. 

Les Hussards, nommés d’après le livre le plus connu et sans doute le plus emblématique de Nimie, Le Hussard Bleu, réunissent plusieurs jeunes écrivains dans un ensemble assez hétéroclite qui ne converge que sur un point, leur opposition au nouveau roman, aux existentialistes et aux gaullistes. Une jeunesse anticonformiste de droite naît, dans la foulée de certains écrivains d’avant-guerre comme Drieu la Rochelle, Rebatet ou Brasillach et apporte un vent de fraîcheur à la France d’après-guerre.

C’est ce vent de fraîcheur, insufflé par Roger Nimier et immortalisé par son accident, que nous commémorons aujourd’hui pour les 50 ans de sa mort. Dans une époque trouble, en crise, où la jeunesse peine à trouver ses repères, il est bon de se tourner vers ce qui nous a été transmis de l’expérience d’autres jeunesses en crise. Que cela soit la génération de 14–18 ou la génération de 39–45, ces jeunes, leur insolence et leurs combats, ne peuvent que nous encourager à avancer à pleine vitesse et avec le sourire, à tracer notre chemin et rompant avec celui des générations périmées qui continuent à s’accrocher au peu qui leur reste. 

Nous, la génération des  « Indignés » qui prenons comme exemple et mentor Stéphane Hessel qui, à 94 ans, prétend donner des leçons à une jeunesse qu’on empêche de suivre son chemin, nous devons assumer notre jeunesse, notre insolence, et les leur jeter au visage. Non monsieur Hessel je ne  m’indignerai pas parce que vous me le dites, il y beaucoup de choses qui ne vont pas dans le monde, mais vous n’êtes pas la solution, vous êtes même une partie du problème.

Cinquante ans plus tard, le problème de l’immobilisme rance contre lequel vivaient les jeunes d’après-guerre est toujours présent. La même intelligentsia squatte le pouvoir et la culture depuis 50 ans et l’heure est au renouveau. Nous serons les Hussards de notre époque, baroques et romantiques, insolents et rieurs, tournés vers le futur et bien décidés à le prendre par les rênes. Jeunes et indomptables, nous nous rappellerons de Roger et des autres, jeunes à tout jamais.


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