« Je ne suis pas interessé par le passé. Je me porte vers le futur car je compte y passer le restant de mes jours », disait un riche entrepreneur américain au début du vingtième siècle. Bien belle devise que je tente tant bien que mal d’appliquer quotidiennement, elle est cependant peu envisageable dans un contexte musical. En effet, il est difficile de ne pas se tourner vers les chansons qui rythmèrent la vie de nos parents et même de nos ancêtres pour la simple et bonne raison qu’elles étaient globalement de meilleure qualité.
Je tiens, d’ailleurs, à vous présenter mon album coup de cœur en ce mois d’octobre qui respire les 60’s et le bon vieux Motown. Bobby Womack nous livre après douze ans d’un silence attristant un vingt-sixième album intitulé The Bravest Man in the Universe et digne des meilleurs. Cet artiste de soul est le genre d’étoile d’une taille immense, mais que l’on a toujours eu du mal à apercevoir, caché par d’autres lui faisant de l’ombre.
Né à Cleveland en 1944, il commence par jouer en famille, un peu à la Jackson 5, dans un groupe nommé The Valentinos. De cette formation viendra d’ailleurs la chanson qui marquera le début de l’ascension des Rolling Stones, « It’s All Over Now ». Il s’épanouira plus tard sous la houlette de Sam Cooke, pour qui il sera guitariste puis voleur de femme par la suite.
Ayant collaboré avec l’élite du R&B et du rock ‘n’ roll (Aretha Franklin, Janis Joplin, Sly and the Family Stone, Elvis Presley, James Brown, etc.), il ne fut pas épargné par un parcours chaotique qui caractérise souvent ces artistes maudits. Rongé par la drogue et les morts successives de ses enfants, il connut de longs passages à vide. C’est avec un immense plaisir que la sphère musicale acceuille ce nouvel album oscillant entre voix rocailleuse et instrumentation moderne inspiré de l’univers d’un des coproducteurs, un certain Damon Albarn.
En attendant la venue du sexagenaire à Montreal, je vous propose un menu plutôt varié qui comblera vos petits plaisirs, du moins je l’espère.
Si vous lisez cette édition à temps et que votre bourse est fort pleine, n’hésitez pas une seconde à vous rendre Rue Sainte Catherine pour admirer Mr. Jack White (L’Olympia, 2 Octobre) qui présente son premier album solo « Blunderbuss », un magnifique hommage au Blues Rock dans la lignée des Black Keys. Rincez vous l’œil avec le clip de « freedom at 21 », c’est plutôt savoureux. Genre en voie d’extension, l’ÉlectroSwing s’invite à Montréal pour faire danser les jeunes regrettant l’époque de la prohibition étatsunienne et des bars illicites où les choses se passaient. Si vous appréciez Parov Stellar, Caravan Palace et autres Bohémiens mélomanes, cette soirée est pour vous (Sala Rossa, 6 Octobre). Il en est de ceux qu’il faut avoir vu avant le moment fatidique et je considère que Johnny « Rotten » Lydon en fait partie. Ce pilier des Sex Pistols viens du côté de Solin pour vous faire bouger sur du post punk typiquement 80’s avec son groupe Public Image Ltd (Théatre Corona, 16 Octobre). Pour finir en beauté, je ne vous apprendrai sûrement pas que les deux compères de Justice viennent nous faire un petit coucou (Métropolis, 22 Octobre). Cela étant dit je vous conseille fortement de vous y rendre, ca risque d’être exquis.