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New-York sans-façon

Central Park Five, un film coup de poing qui touche droit au cœur.

En 1989, la ville de New York était aux prises avec un crime qui touchait ses cordes les plus sensibles : le viol d’une jeune joggeuse à Central Park. Cinq jeunes noirs, âgés entre 14 et 16 ans ont été arrêtés et accusés du viol, alors qu’ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment. Pour résoudre l’affaire le plus tôt possible et rassurer la population, la police de New York a usé de brutalité et d’intimidation pour mettre de fausses dépositions dans la bouche de ces jeunes innocents. Surnommés les Central Park Five, Antron McCray, Kevin Richardson, Yusef Salam, Raymond Santana et Korey Wise ont été incarcérés pendant plus de sept ans, jusqu’à ce que le véritable auteur de ce crime avoue sa culpabilité en 2002. 

New York criminelle et divisée
Ces événements réels sont dépeints de façon crue et poignante dans le documentaire Central Park Five, réalisé par Sarah Burns. Difficile de rester de glace en visionnant ce film, qui nous présente une histoire montée de toutes pièces par la police new-yorkaise et son obstination choquante à assembler des morceaux d’un puzzle qui ne s’emboîtaient pas. Ce documentaire nous fait réaliser l’ampleur de cette fausse histoire, et montre notamment l’intensification du racisme et la réintroduction du débat sur la peine de mort. Comment pouvait-il en être autrement à une époque où l’espèce la plus menacée de l’Amérique était « les jeunes hommes noirs » ? Dans un contexte où Harlem et le Bronx étaient les repaires de gangsters, de crimes organisés et de trafic de drogue, la criminalité était à son apogée. Tel que le décrit l’historien Craig Steven Wilder dans le documentaire, il y avait toujours ce moment d’angoisse lorsque des crimes graves sortaient dans les médias, où les communautés ethniques imploraient secrètement : « S’il vous plaît, faites que ce ne soit pas l’un des nôtres cette fois-ci ». 

Une injustice évitable 
Les nombreux éléments d’archives présentés dans le documentaire contribuent à nous faire ressentir l’angoisse, la peur et le désespoir ressentis par les cinq innocents. On pense notamment aux dépositions filmées des cinq jeunes, aux propos diffamatoires d’Ed Koch, le maire de New York à l’époque, et aux témoignages de nombreux journalistes, historiens et avocats impliqués dans le dossier. On y voit également toute la haine et l’injustice liées à cette histoire de manipulation, utilisées pour sauver l’honneur de New York, de son corps policier et de son maire. On en vient à se demander combien de criminels courent toujours pendant que des innocents purgent une peine qui ne leur est pas destinée. Combien de mauvais jugements ont coûté la jeunesse et la dignité de jeunes innocents, tels que les Central Park Five ? Ces derniers s’expriment d’ailleurs avec une sagesse désarmante en relatant leur expérience tout au long du film. Même si les accusations portées contre eux ont été invalidées, ils sont toujours en attente d’un dédommagement en lien avec les poursuites déposées contre les procureurs et la police de New York. Ils disent savourer leur liberté et avoir laissé de côté la rancœur pour reprendre le temps précieux qu’on leur a volé. Malgré tout, tel que Korey Wise le souligne, « on peut pardonner, mais on ne peut pas oublier ».

Ce film faisait la clôture de la huitième édition du Festival International de film Black de Montréal. 


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