Récemment, on a tousvu dans un cadre de publicité sur un quelconque site Internet qu’un docteur avait dévoilé le secret qui nous permettrait d’apprendre n’importe quelle langue en dix jours, portrait en noir et blanc dudit docteur à l’appui.
On en a vu d’autres comme celle-là. Des « Doctors hate her » et autres. La première question qu’on se pose : Pourquoi haïr ces pauvres gens qui font des découvertes révolutionnaires ? Ça sous-entend que les docteurs et autres profs de langues ne veulent pas qu’on sache qu’il y a une meilleure méthode, moins cher. Moins cher, ça veut dire payante tout de même. On ne paie pas une pub sur Youtube juste pour donner de bonnes idées gratuitement. Mais passons.
Cette fois-ci, piqué de curiosité, j’ai décidé de cliquer. Je ne clique jamais ; je sais que je vais me faire avoir, au mieux perdre mon temps. J’ai donc suivi un lien vers une vidéo disons bien foutue avec une voix féminine habituée des publicités et un feutre noir, qui dessine plutôt bien sur fond blanc au fur et à mesure que s’allonge le monologue apologétique.
Je me suis lancé le défi de visionner la réclame jusqu’au bout. Erreur. Elle a duré au moins une heure. Une heure d’une logorrhée « infomerciacle » inutile vantant les mérites d’un produit miracle. Mais quel produit ?
La question reste entière jusqu’à la première demi-heure de « regardez comment ça marche super bien tellement que c’est incroyable chez nous » et de « regardez comment c’est tout pourri chez les autres ».
On comprend rapidement (parce qu’on nous l’a rabâché une demi-douzaine de fois) qu’il s’agit là d’une méthode révolutionnaire mise au point par le professeur Pimsleur dans les années… 1960. Ah. C’est donc de la révolution réchauffée. En bref, une voix convaincante vous assure sans cesse qu’il vous est possible d’apprendre une langue étrangère dont vous ne connaissez rien en écoutant des enregistrements audio pendant trente minutes et pendant dix jours. En dix jours ?
En fait les théories de Paul Pimsleur ont bon fond, et ont eu un réel impact sur la façon dont on enseigne les langues au moment de leur publication. Plus d’écoute, moins de grammaire, moins de vocabulaire, moins de mémorisation. À première vue, ça a l’air absurde, mais apparemment ça marche. Ça a aussi l’avantage de plaire à tous ceux qui se sont cassé le cul à apprendre aus bei mit nach seit von zu. On ne tarit pas d’éloges sur le produit qui fait l’objet d’une si longue présentation. On fait la comparaison avec les autres méthodes, leur prix.
Du cours à l’université au cahier d’exercices en passant par l’immersion totale, notre produit miracle est toujours mieux d’une façon ou d’une autre. Alors pourquoi ne parle-t-on pas tous une douzaine de langues ? Trente minutes par jour pendant dix jours, c’est rien ! Je vous laisse deviner quel succès a la méthode.
Et le produit apparaît ! Quatre CD.