À l’approche d’un autre 22, les personnes impliquées dans la crise étudiante et les observateurs se sont demandé quelle serait la tactique de revendication utilisée cette fois par les étudiants. L’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (ASSÉ) lancerait-elle encore un appel pour une grande marche nationale ? Plus la date fatidique approchait, plus la possibilité que cet appel soit lancé diminuait.
Une nouvelle technique a effectivement été adoptée. Plutôt que de concentrer les effectifs en un seul endroit, près d’une dizaine de manifestations et de vigiles de thématiques variées se sont organisées et échelonnées du 18 au 22 octobre à Montréal.
Anticapitalisme et soutien international se sont côtoyés jeudi le 18 octobre, lors de la première manifestation de la série qui s’inscrivait dans le cadre de la journée internationale d’action pour l’éducation. La foule, évaluée à 100 personnes par les journalistes du Journal de Montréal et à 300 par les organisateurs, a bruyamment traversé les rues de Montréal pour se rendre jusqu’à l’îlot voyageur, structure abandonnée depuis quelques années où s’est formé un black bloc. Après avoir brisé le cadenas, le groupe y est entré afin d’y poser une bannière alors qu’une manifestation de soutien restait à l’entrée pour les protéger.
L’action s’inscrit dans la vague de manifestations contre la présence massive d’«individus issus des milieux financiers » dans les rectorats et les conseils d’administration, expliquent les organisateurs de la manifestation qui préfèrent garder l’anonymat. « Un autre exemple de cette dérive marchande, c’est la prolifération des plans de développement immobiliers qui, dans la plus pure logique capitaliste, visent à étendre leur mainmise sur un marché ». Selon eux, l’îlot voyageur en est un très bon exemple et c’est pourquoi il a été la cible de leurs actions. Malgré la présence très importante de policiers au même moment, il n’y a eu aucun débordement. Quelques minutes plus tard, alors que les manifestants étaient arrivés devant la Grande Bibliothèque, deux arrestations ont eu lieu. Ces arrestations ont suscité une vive réaction de la foule. Il y a eu quelques affrontements entre les participants et les forces de l’ordre qui ont fait utilisation du poivre de Cayenne. La marche s’est toutefois très bien finie. Les manifestants ont occupé l’intersection Saint-Denis et Maisonneuve et les policiers les ont respectueusement laissé faire une trentaine de minutes, bloquant les rues. Les forces policières leur ont finalement demandé de quitter la rue, ce que les participants ont fait.
Lundi le 22 octobre, de nombreuses manifestations ont aussi eu lieu, dont quatre à Montréal et une à Québec. Deux organismes ont d’ailleurs décidé de combiner leurs actions, comme Amnistie International, qui militait pour le droit de manifester, et Via22. Via22 est « un nouveau collectif international, ouvert et horizontal initié à Montréal-Québec qui lance un processus mensuel d’actions de convergence local/global, les 22 de chaque mois, à partir du 22 octobre ».
Les deux groupes s’étaient ainsi rassemblés afin de demander l’amnistie des manifestants qui ont été arrêtés durant la crise sociale des derniers mois et qui font maintenant face à des « amendes salées ». La manifestation était assez petite, environnant les 100 participants.
Un des manifestants, Kevin Shepheard, disait pour sa part qu’il était présent afin de « montrer son support pour les “22” et le groupe Via22 ». La manifestation, qui se déroulait plutôt calmement, a pris une tournure radicale lors de l’arrestation violente du photographe Emmanuel Denizon qui a été amené au poste 21. Les manifestants ont alors décidé d’aller « chercher [leur] camarade ».
Parallèlement se sont aussi déroulées deux vigiles, respectivement pour le retrait des charges juridiques des manifestants et afin de demander la démission du maire de Montréal Gérald Tremblay.