C’est devant un auditoire composé de ministres, de fonctionnaires et de gens d’affaires que Heather Munroe-Blum a livré son message : « faire du Québec une destination internationale pour l’éducation ». M. Jacques St-Laurent, PDG de Montréal International, a démarré la causerie du vendredi 19 octobre en présentant Mme Munroe-Blum, principale et vice-chancelière de McGill, comme une « ambassadrice exceptionnelle pour le Québec ». Il a également souligné les 190 ans « marqués par l’excellence » de l’Université McGill, qui par ailleurs est composée à 45% d’étudiants internationaux.
La part des étudiants internationaux du Québec au Canada a diminué de 8% entre 2001 et 2010, et selon Mme Munroe-Blum, il est temps de se doter d’une stratégie pour remédier à cette situation. Elle a donc énuméré trois recommandations : régler le déficit des universités pour encourager l’innovation dans la province, « augmenter sa part d’étudiants étrangers » pour retrouver les 33% qu’elle détenait en 2001 sur le territoire canadien et « augmenter le nombre de cours de français offerts sur nos campus ». Heather Munroe-Blum a déclaré que le futur Sommet sur l’enseignement supérieur devait s’attaquer au défi de valoriser la qualité de l’éducation et son internationalisation. Elle souhaite d’ailleurs que le Sommet sur l’éducation supérieure « soit productif, substantiel, profond et que l’accessibilité soit abordée, mais avec la qualité des programmes ». Il est important que l’enseignement soit valorisé afin d’augmenter le taux de diplômés au Québec, selon elle.
La principale de McGill a aussi profité de l’occasion pour défaire quelques mythes au sujet « du rôle international des universités québécoises ». Selon ses propos, les étudiants venant de l’étranger ne nuisent pas au Québec, mais, au contraire, contribuent à son succès, l’enrichissent de nouveaux talents et y apportent des revenus. Elle dit aussi que « la moitié des diplômés de McGill habitent le Québec » et « qu’un tiers des étudiants étrangers reste au Québec après leur diplôme ». Selon Heather Munroe-Blum, l’Université McGill prend d’importantes mesures pour encourager ses étudiants à rester au Québec après leurs études.
Au point de vue financier, Munroe-Blum assure qu’un coût plus élevé des études ne diminue pas la fréquentation scolaire. Un plus grand déboursement serait garant d’une meilleure qualité d’éducation, ce que les étudiants québécois et étrangers recherchent. Selon les chiffres de la CREPUQ validés par CIRANO, le déficit actuel des universités québécoises seraient de 620 millions de dollars et Munroe-Blum soutient qu’il faut remédier à la situation.
Les deux pieds au Québec
Pierre Duchesne, nouveau ministre de l’Enseignement supérieure, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, a dit avoir apprécié la conférence et être ouvert à accueillir davantage d’étudiants internationaux. Par rapport au déficit des universités, il préfère étudier la question en profondeur avant de dire que ce montant du sous-financement est un « fait accompli ». Il a aussi rappelé qu’en ce moment, le Québec doit régler les nombreux problèmes qui règnent dans ses universités. « Il y a eu des coûts importants sur le fait que le gouvernement Charest a laissé pourrir [le conflit étudiant]». « Il y a plus de 3 000 étudiants des cégeps qui ont abandonné leur session », « tout ça engendre des coûts sociaux autant qu’économiques, alors on va attendre d’avoir le portrait d’ensemble, puis on va pouvoir avancer », dit-il. « Monsieur Charest nous a laissé un triste héritage » (tensions, nouvelles lois, nouveaux horaires). « C’est avec ça que je dois composer, moi, en tant que nouveau ministre de l’Enseignement supérieur ».