Le sénat de McGill a tenu sa deuxième rencontre de l’année mercredi le 17 octobre. L’ordre du jour était chargé : dossier sur l’amiante, priorités académiques et rôle de la rectrice envers McGill et sa diversité, l’excellence de celle-ci et son engagement envers la communauté ont notamment été au cœur de la rencontre.
Démêlés avec l’amiante
Le rapport sur l’amiante a été présenté cette semaine au sénat de McGill avant d’être rendu public. Le rapport fait par le commissaire à l’intégrité de la recherche de l’Université McGill, Abe Fuks, rejette les allégations de collusion entre l’Université et l’industrie de l’amiante et les accusations de mauvaises pratiques dans les travaux de recherche du docteur J. Corbett Mcdonald, professeur émérite de l’université à la retraite.
Le docteur Fuks conclut qu’une enquête indépendante sur le sujet n’est pas nécessaire. « C’en est assez avec ces allégations, nous n’avons pas d’investissements dans l’industrie de l’amiante », a dit au sénat David Eidelman, vice-principal (santé et affaires médicales) et doyen de la Faculté de médecine. Cette déclaration ne fermera sûrement pas le débat, puisque bien des doutes semblent encore planer autour de la question de l’amiante au Québec.
Taux d’enrôlement
Les taux d’enrôlement des étudiants, le sous-financement universitaire et le sommet sur l’éducation furent abordés par la suite. Les taux d’enrôlement de l’université est une priorité de l’administration depuis 2007, année durant laquelle McGill avait créé des politiques spécifiques afin d’augmenter ses effectifs.
La rectrice de McGill, Heather Munroe-Blum se demande comment l’université pourra continuer sa recherche d’excellence avec une augmentation constante du corps étudiant, s’élevant à 16% cette année. Ses inquiétudes se tournent vers le cadre financier qui présente un déficit grandissant et qui pourrait affecter les services et l’éducation des étudiants. Elle croit qu’il faut « regarder vers le gouvernement et vers la philanthropie pour remplir le faussé d’un modèle sous-financé ».
Pour le moment, 75% des étudiants de McGill complètent un baccalauréat et environ 25% sont au doctorat ou à la maîtrise. Selon madame Munroe-Blum, McGill se trouve donc dans une position spécialement délicate par rapport aux autres universités du Québec du fait qu’il serait « plus cher de faire fonctionner une université orientée vers la recherche intensive ». « On a besoin de soutien en vue d’arriver à une éducation de qualité et accessible », poursuit-elle. Selon Blum, les donneurs actuels de McGill se retirent, car ils ne veulent pas être un substitut au soutien gouvernemental.
Par rapport au sommet sur l’éducation promis par le gouvernement Marois, McGill tentera de faire valoir que l’accessibilité est indissociable de la qualité de l’éducation. Il sera ainsi important de rendre compte du déficit des universités, revendiqué par la conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ), et de trouver un moyen réaliste et stable de remplir les coffres. Selon madame Munroe-Blum, le sommet ne devrait pas avoir lieu avant la session prochaine, contrairement aux plans du Parti Québécois.
Internationalisation, développement durable et innovation
Le document intitulé « ASAP 2012 » a été approuvé et donne suite au plan de 2006 « strength and aspirations ». Le nouveau plan vise à déterminer les stratégies de McGill au point de vue académique : préserver sa réputation de meneuse dans la recherche et la créativité, développer une plus grande collaboration entre tous les niveaux d’éducation de McGill, étendre la portée des recherches menées et améliorer le support et les services aux étudiants, promouvoir une culture d’inclusion pour la diversité des origines et des idées et enfin revamper les infrastructures et installations du campus.
Interdisciplinarité
Le sénat s’est aussi penché sur les restrictions disciplinaires en termes de choix de cours et sur l’interdisciplinarité. Selon Anthony C. Masi, doyen de l’université, « il n’est pas justifiable de permettre aux étudiants prenant des cours d’option de prendre la place autrement réservée aux étudiants pour lesquels ces cours sont obligatoires [dans le cadre de leur programme]».
Josh Redel, le président de l’AÉUM, se demande si l’université « pourrait pousser au-delà des limites actuelles » afin d’élargir la place allouée aux programmes interdisciplinaires et diminuer les restrictions d’accès.
Masi a également amorcé une réflexion sur les cours ayant un taux d’enrôlement relativement bas. Travaillant avec Morton Mendelson (vice-principal à la vie étudiante et aux apprentissages), il propose d’éliminer ces cours moins populaires afin d’allouer plus de ressources au cours ayant une demande importante.
Aucune décision concrète n’ayant été prise, le « Academic Policy Committee », assisté par les doyens de chaque faculté, étudiera ces questions académiques en profondeur au cours des prochains mois.
La prochaine rencontre du sénat aura lieu le 14 novembre 2012.