QU’Une ministre
conservatrice de la condition féminine soit pro-vie. Et alors ?
Une ministre de la condition féminine pro-vie se voit octroyer un prix décerné par ONU « femmes-Canada » pour son travail remarquable pour les droits des femmes, malgré son appui à la réouverture du débat sur l’avortement. Ironie vous dites ? Certainement.
On ne peut reprocher à Rona Ambrose d’avoir voté selon ses conviction personnelles (aussi douteuses soient-elles), puisque la liberté d’opinion demeure une véritable valeur qu’on tente de préserver dans cette démocratie (parfois douteuse elle aussi). Cependant, lorsqu’on prétend représenter les femmes, permettre un éventuel débat qui en bout de ligne limiterait le choix de celles-ci demeure une ignominie. Oser prêcher pour le contrôle du corps féminin lorsqu’on se doit de faire honneur à toutes les femmes de ce pays ne peut être qu’une honte, voire une attaque à la femme du 21e siècle.
Qu’elle ait été une simple députée conservatrice quasi-anonyme, la nouvelle serait vraisemblablement restée sous silence. Cela dit, la problématique réside dans le fait que ladite ministre des femmes se positionne à l’encontre de celles-ci, favorisant la régression de leur dite condition, et c’est peu dire.
Alors que notre ministre adorée se pâmait devant le dithyrambe onusien-canadien, la très inspirante Julia Gillard livrait un discours enflammé contre le sexisme et la misogynie au sein du parlement australien.
Devant la motion de Tony Abbott, chef de l’opposition, exigeant la démission du président de la chambre suite à des messages textes tenant des propos sexistes et misogynes, la première ministre australienne a répliqué avec fougue et émotions pesées. Elle a à la fois défendu l’indéfendable – qui s’opposerait à la démission de Peter Slipper, président de la chambre ? – et abordé l’éléphant dans la pièce, soit les propos sexistes récurrents provenant du chef de l’opposition.
Dans un discours d’une quinzaine de minutes, Mme Gillard a renvoyé la balle dans le camp de M. Abbott : s’il souhaite réellement aborder le sexisme et la misogynie présents au parlement australien, « ce n’est pas d’une motion qu’il a besoin, mais plutôt d’un miroir ». Puis, s’il désire sincèrement enrayer ces problématiques, elle suggère qu’il écrive immédiatement sa lettre de résignation.
On ne cesse de répéter que les femmes en politique sont jugées plus durement que les hommes. Or, des femmes comme Julia Gillard, qui se tiennent debout malgré toute leur vulnérabilité, rappellent la nécessité de leur présence en politique. Tout au plus, elles doivent s’assurer que la notion archaïque stipulant que la femme est subordonnée à l’homme ne refasse surface. Que les acquis ne s’envolent pas devant les gains et l’opportunisme politiques.
En favorisant un débat sur la criminalisation de l’avortement, Mme Ambrose envoie ainsi le message que les femmes ne peuvent être maîtresses de leur corps. Une femme violée qui tomberait enceinte ne pourrait se faire avorter ; on la dépouillerait de sa dignité certains diront. Tout à fait.
Ceci dit, comprenez-moi bien, il ne s’agit pas ici d’un débat sur l’avortement, mais bien du devoir politique que détiennent les femmes au pouvoir. Au-delà des allégeances politiques, il réside un devoir moral d’agir au sein du bien-être féminin, universel soit-il. Au-delà des cultures, la femme demeure égale à l’homme.
Chose certaine, on ne peut que s’inspirer du discours de Julia Gillard. Dorénavant, faisons preuve de courage, de sincérité et de sang-froid. Dénonçons le sexisme et la misogynie. Réclamons la totalité de nos droits. Exigeons de nos politiciens qu’ils fassent avancer le droit des femmes.
Surtout, rappelons-nous que nous méritons mieux qu’une ministre Ambrose. x