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Mystères et misères sur les Champs-Élysées

Jeux de maux

Finie la ville des lumières et des amours, bonjour au rugissement des autoroutes, aux banques en banqueroute et aux stressés bien habillés. « Si vous êtes seulement allés à Paris en France, vous n’avez pas visité la France » vous diront les Marseillais, les Bretons, les Savoyards et les Dijonnais.
Sentiment commun en France : les Parisiens ne sont pas Français. Les pauvres petits avec leurs plaques d’immatriculations Parisiennes sont souvent raillés par les « paysans » dès que les Parigots sortent de Paris pour l’été. On dit qu’ils sont arrogants, pessimistes, bon chic bon genre voire « tout à fait misérables ». Mais moi je me dis qu’il y a anguille sous roche, que quelque chose les rend tous comme ça, et je me demande pourquoi les Montréalais, par exemple, ne sont pas aussi stressés.
Alors j’ai fait ma petite enquête : d’où vient cette différence d’attitude entre les Parisiens et les autres francophones (plus particulièrement les Québécois). Sachez tout d’abord, que le français Québécois est tout simplement du français ancien (accent y compris). Les jurons sont les mêmes que ceux des premiers colons : donc souvent des mots religieux. Les jurons des « français de France » par contre sont modernes, influencés par le sexe, les bordels de Paris et de plus en plus par le verlan, l’arabe et bien sûr l’anglais. Mais cette différence d’argot et d’accent n’est pas responsable de la mauvaise mine Parisienne (après tout, le reste de la France n’est pas aussi taciturne que sa capitale). Alors quoi ? Qu’est ce qui fait la différence ? Je l’ai trouvé en regardant bien attentivement le regard des Parisiens. Et là : EUREKA ! Ils ont toujours les yeux rivés vers le sol, et ce n’est pas parce qu’ils sont tristes, mais parce qu’ils ont l’habitude d’y faire attention. Les Parisiens ont une crainte que les Québécois n’ont pas : qu’ils rentrent leurs chaussures Clark dans une merde de chien.
Si vous êtes déjà allés à Paris vous savez de quoi je parle. Derrière chaque coin de rue et dans le creux de chaque trottoir se cache une belle bouse, bien fraîche, prête à se coller sous les chaussures en velours. Alors au lieu de regarder le ciel, les oiseaux, le doux mélange d’architecture ancienne et moderne de Paris, les Parisiens font attention au danger sous leurs pieds. Ils ont la mine grise, faisant face à ce danger constant. Quel exercice futile ! Quel manque de bon sens ! Mis à part le fait qu’il y ait une superstition que mettre son pied gauche dans une crotte porte chance, les Parisiens devraient se rendre compte que se gâcher la vue pour risque de marcher dans un danger odorant ne vaut vraiment pas la peine.
Le danger est partout, alors pourquoi l’éviter ? Si le danger n’est pas mortel, alors « jm’en fout pas mal », comme dirait Mademoiselle Piaf, et pour une Parisienne, elle savait vivre celle-là. Peut-être qu’un jour vous serez dans Paname à vous méfier des crottes, et si les Parisiens écoutent mon conseil, je vous pari qu’à Paris vous seriez le seul à n’avoir pas ri. 


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