Des centaines d’étudiants et d’activistes se rencontraient le 19 janvier dernier à l’Université Concordia, à Montréal, dans le cadre du forum communautaire « Les sables bitumineux arrivent au Québec ». Plusieurs organismes et étudiants de l’Université McGill participaient aux activités.
L’entreprise canadienne Enbridge, dont le siège social est à Calgary, prévoit depuis plusieurs années de faire passer le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta par le Québec, jusqu’en Nouvelle-Angleterre. L’imminence de la réalisation de ce projet pétrolier en alarme plusieurs.
C’est donc afin de trouver des alternatives éco-responsables au projet et de mobiliser le public que l’organisme Justice Climatique Montréal proposait samedi dernier plusieurs présentations portant sur les conséquences de l’exploitation de cette ressource, ainsi que sur l’action citoyenne.
Nessa Ghassemi, organisatrice du forum de samedi dernier, est étudiante en environnement et en anthropologie à l’Université McGill. En plus de travailler avec l’organisme Justice Climatique Montréal, elle tente de sensibiliser les gens au sein de son université, par l’entremise de Divest McGill, organisme étudiant luttant pour que l’Université McGill cesse d’investir dans les compagnies de combustibles fossiles et celles impliquées dans la réalisation du Plan Nord.
« La mission de Divest McGill est de présenter des [rapports informatifs] à un comité en charge de réviser les investissements de McGill dans les compagnies pétrolières. Le groupe travaille présentement avec Fossil Free Canada [un partenariat entre 350 organismes et la Canadian Youth Climate Coalition, pour soutenir le désinvestissement des industries exploitant les combustibles fossiles] pour écrire un rapport sur les injustices sociales liées aux sables bitumineux », souligne Mme Ghassemi dans une entrevue avec Le Délit.
Les citoyens ont joint leur voix à celles de militants du milieu environnemental, notamment Steven Guilbeault, cofondateur de l’organisme montréalais Équiterre. La conférence présentée par M. Guilbeault traitait des impacts du passage des oléoducs sur le territoire québécois, principalement dans une mégalopole comme Montréal, qui serait directement affectée par le projet proposé par Enbridge.
Équiterre soulignait aussi l’importance d’inclure les citoyens québécois dans les négociations entre les gouvernements et la compagnie, puisque ce sont eux qui sont touchés par les conséquences sociales, économiques et écologiques du projet d’oléoducs. On voit d’ailleurs que le mouvement s’organise et que les gens sont de plus en plus concernés par les problématiques environnementales.
Une autre étudiante de McGill était présente, Alejandra Zaga, dont la mission pour la journée était de présenter un atelier intitulé « Et si nous n’avions pas besoin des pipelines ? » Étudiante en science agro-environnementale, elle se concentre surtout sur l’impact énergétique et écologique relié à la surexploitation des sables bitumineux.
« Je me qualifie comme une militante pour la justice climatique et écologique. Je trouve important d’apporter ce genre de discussions au Québec, parce que c’est un discours qui paraît peut-être plus anglophone pour certains, mais qui doit inspirer la mouvance internationale », explique Alejandra Zaga au Délit.
L’étudiante a également mis en l’avant l’importance de la mobilisation citoyenne autour d’un questionnement collectif.
« En tant que citoyens d’Amérique du Nord, [la justice climatique] est au cœur de notre économie. Je sens déjà que les Québécois et Québécoises sont très conscients des enjeux socio-économiques liés à une énergie qui est sale, comme les sables bitumineux. Il faut voir qu’il y a d’autres options de développement qui s’offrent à nous », dit Mme Zaga.
Le forum communautaire ouvre une semaine de mobilisation contre les sables bitumineux à travers le Québec, l’Ontario et la Nouvelle-Angleterre. Plusieurs mouvements, dont Tar Sands Free Northeast et Idle No More, uniront leurs voix dans la lutte contre les sables bitumineux et le projet d’oléoducs entre le Canada et les États-Unis.
Katie Wheatley, étudiante au collège Dawson à Montréal, résume bien le mouvement environnemental étudiant qui prend, selon elle, de plus en plus d’ampleur :
« On nous dit souvent que c’est la bataille de notre génération, que c’est la question la plus importante parce que ça nous affecte directement. Il est donc essentiel pour les jeunes de s’impliquer et de s’informer. Nous devons lutter pour cette cause. Nous représentons le futur, nous devons faire entendre nos voix ».