Tout ce que vous avez besoin de savoir sur les mesures de sécurité en 10 minutes : audio.
Mardi le 22 janvier, la quasi-totalité des syndicats présents sur le campus, ainsi que de nombreuses associations étudiantes, se sont rassemblés devant le bâtiment James de l’Université McGill afin de crier leur indignation face au protocole sur les assemblées pacifiques qui a été mis en place en février dernier.
Malgré son retrait la semaine passée, il n’en reste pas moins que l’administration a décidé de conserver le cœur de son projet et d’en faire un énoncé des valeurs et des principes sur la liberté d’expression et la tenue d’assemblées pacifiques. Ce qui fait peur aux représentants étudiants et syndicaux, c’est qu’«on ne sait pas exactement ce que c’est, ni dans le format ni le contenu. On a juste peur que les mesures qui sont dans le protocole, les mesures contre lesquelles nous protestons, soient toujours présentes d’une manière ou d’une autre dans l’énoncé », explique Stefana Lamasanu, responsable des communications pour l’unité III de l’AÉÉDEM (Association des Étudiantes et Étudiants Diplômé(e)s Employé(e)s de McGill).
À 12 heures 30, ils étaient un peu plus d’une centaine, avec bannières et slogans ; pendant une dizaine de minutes, les discours se sont succédés avant que les organisateurs appellent les manifestants à marcher tous ensemble vers le hall d’entrée du pavillon des Arts où les discours allaient continuer.
Beaucoup ont mis de l’avant le côté restrictif du protocole. C’est le cas de MUNACA, le syndicat des employés de soutien de l’Université McGill. Comme l’explique Kevin Whittaker, président du syndicat, les représentants du groupe avaient été invités à la première séance de consultation sur le protocole, mais « après l’avoir révisé [ils ont] vu que ce n’était rien de moins qu’une violation de tous nos droits humains fondamentaux et de nos libertés au Québec et au Canada. » Stefana Lamasanu affirme pour sa part que « toute personne qui veut manifester sur le campus devrait avoir les mêmes droits que partout ailleurs au Québec, car ce sont des droits qui sont protégés par la Charte des droits et libertés de la personne. »
Jérémie Bédard-Wien, porte-parole de l’ASSÉ (Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante), appuie son discours sur un autre argument. En effet, il affirme qu’il s’agit d’une tentative d’instaurer une « culture de la sécurité » sur le campus. Celle-ci « transformerait nos universités en périmètres de sécurité où les droits inaliénables de liberté d’expression et de liberté de manifestation n’existent plus ». Il ajoute que le retrait du protocole est d’autant plus important que le problème ne concerne pas uniquement McGill. En effet, récemment, l’administration de l’UQAM a fait construire des murs qui entourent les locaux de différentes associations étudiantes de même que le café étudiant. À l’Université de Montréal, à la fin de la grève au mois d’août, la police anti-émeute entrait dans l’enceinte de l’université pour briser les lignes de piquetage. Il poursuit : « C’est pour ça qu’on doit absolument bloquer ce protocole, parce que s’il passe à McGill, il passera très certainement dans d’autres universités et cette culture de sécurité pourra se développer. »
Les membres du Syndicat des employé(e)s occasionnels de l’Université McGill (SÉOUM) voulaient quant à eux s’assurer que, malgré un retrait du protocole, les mesures ne seraient pas conservées sous une autre forme. « Nous aimerions maintenir notre position d’opposition contre quoi que se soit qui limite le droit des étudiants, travailleurs et membres du personnel enseignant sur le campus et dans la communauté mcgilloise d’exprimer leurs opinions et de s’opposer aux décisions qui y sont prises », commente Jamie MacLean, présidente du syndicat.
D’un autre côté, MUNACA reconnaît la nécessité pour l’université de se munir d’un protocole. « Nous croyons, en rappelant les événements de la grève d’octobre et novembre dernier, qu’il y a clairement un besoin de créer un protocole qui définirait comment McGill doit réagir aux manifestations sur le campus. Nous comprenons donc qu’il y a un besoin, mais ce n’est pas à celui-ci que le protocole qu’ils ont créé répond », explique Kevin Whittaker.
Jamie MacLean pense qu’«il a été clairement démontré que certains membres de la communauté sont en profond désaccord avec le protocole » et elle espère que l’université aura compris le message sans avoir besoin d’entamer de futures procédures légales.
Sylvain Marois, vice-président de la FNEEQ (Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec), responsable du Regroupement université, a conclu la manifestation en scandant à tous les participants : « La liberté d’expression, ça ne s’encadre pas. »