Sur la route, c’est l’histoire de Sal Paradise (Sam Riley), jeune auteur New Yorkais qui rencontre Dean Moriarty (Garrett Edlund), un personnage sans domicile vivant au jour le jour au gré de ses envies. Sal découvre alors qu’il existe plusieurs façon de vivre et voit en Dean un mentor, un ami et également une grande source de problèmes. Les deux hommes traversent à plusieurs reprises les États-Unis comme un voyage initiatique à travers la vie. Ce roman est depuis longtemps considéré comme l’œuvre phare de la « beat generation ». Il s’agit d’une œuvre particulière puisqu’elle raconte l’histoire de Jack Kerouac lui-même et ne met en scène que des personnages ayant véritablement existé. Kerouac a d’ailleurs écrit son roman d’un trait au retour de son voyage, sur un seul rouleau de papier de 36 mètres qui est maintenant exposé au Musée des Lettres et des Manuscrits à Paris.
Sur la route est le neuvième long métrage du réalisateur brésilien Walter Salles, qui est principalement connu pour son film Motorcycle diaries. À l’origine, plusieurs autres réalisateurs avaient été engagés pour travailler sur le film, et Francis Ford Coppola en détenait les droits depuis 1979, mais personne ne semblait arriver à capturer l’essence même du roman. C’est d’ailleurs une prouesse qu’a réalisé Walter Salles après plusieurs années de recherches et de préparation. Tout ce travail a donc porté fruit puisqu’en mai dernier, nous avons eu la chance de voir le film en compétition officielle au Festival de Cannes parmi plusieurs autres grandes œuvres.
Il faut d’abord remarquer la direction photographique hors pair de ce film. Il possède une esthétique bien particulière et très travaillée qui le rend agréable à regarder. Lors de la pré-production, l’équipe a refait tout le trajet des personnages afin de trouver les meilleurs endroits de tournage aux États-Unis. Une grande partie du film a été également tournée ici même à Montréal.
Cependant, le film comporte certaines longueurs, notamment dans les premières 45 minutes durant lesquelles on attend avec impatience le début de l’aventure qui semble ne jamais arriver. Salles se rattrape par la suite en donnant à son film un rythme à l’image des phrases de Kerouac : mouvementé et sans un moment de répit. Une partie importante des plans sont tournés caméra à l’épaule et plusieurs des répliques ont été improvisées par les acteurs au moment du tournage, ce qui crée une ambiance spontanée très proche du texte littéraire et qui arrive à toucher le public.
La distribution du film a été souvent critiquée, notamment pour le rôle de Marylou, la première femme de Dean Moriarty, incarnée par Kristen Stewart. J’ai cependant été fort impressionnée par sa performance intense qui contraste heureusement avec celle des films de la série Twilight. Tous les acteurs campaient leurs rôles à merveille. Kirsten Dunst, qui interprète la deuxième femme de Dean, mérite également une mention car elle livre une performance poignante dans les quelques scènes dont elle fait partie.
Comme dans toute adaptation cinématographique d’un texte littéraire, il a fallu couper et remanier de grandes sections du célèbre roman résultant en un récit légèrement différent de l’original et dans lequel certains personnages ont plus ou moins d’importance qu’à l’origine. Toutefois, les longues années de recherches et de préparation qui ont précédé la production de ce film ont permis au réalisateur d’arriver à conserver l’essentiel de cette histoire – cet essentiel qui fait de Sur la route un succès intemporel.