Au sein de la Presse Universitaire Canadienne, on compte une centaine de journaux et magazines. Chaque publication possède sa propre ligne éditoriale, mais Le Délit n’est pas le seul à promouvoir et à défendre les intérêts francophones. Le Collectif, le journal de l’Université de Sherbrooke, est une publication hebdomadaire entièrement en français. Le rédacteur en chef, Kéven Breton, témoigne : « On ne publiera jamais des articles en anglais, ça ne correspond pas avec la population étudiante ». Le Collectif cohabite avec un hebdomadaire anglophone : Campus. La proximité fait que l’identité du journal est fondée sur sa spécificité linguistique. Monsieur Breton poursuit : « Nous sommes lus parce nous publions en français, point ». Sur les campus ou les deux langues sont représentées dans les médias, on s’attend alors à une polarisation des publications ; aucun n’empiète sur la langue de l’autre.
Dans les autres universités anglophones, comme on peut s’y attendre, la situation n’est pas la même. Elysha del Giusto-Enos, une diplômée de Concordia en journalisme, confie au Délit que si The Link a eu des collaborateurs francophones, ceux-ci préféraient écrire en anglais, pour s’entrainer.Les étudiants francophones seraient-ils donc poussés à utiliser les medias étudiants comme un tremplin avant leurs rédactions de fin de session ?
Pierre Chauvin, journaliste au Link précise que c’est un sujet de conversation qui est abordé régulièrement. En vain ?
Sam Godfrey, éditrice de la section « Vie étudiante » du McMaster Silhouette nous confie que, pour sa part, elle n’a jamais vu d’articles autrement qu’en anglais dans le journal.
Encore plus étonnant, The Ubyssey, le journal étudiant de l’Université de Colombie-Britannique, publie des articles en français 2 à 3 fois par session. Selon Natalia Pontarsento, collaboratrice pour la section Actualités, elle-même francophile, « cela n’arrive pas souvent parce qu’il n’y a pas beaucoup de lecteurs, mais j’aime bien pouvoir lire en français ». Elle rapporte en entretien avec Le Délit que ce sont des Québécois qui étudient en Colombie-Britannique qui rédigent ces articles.
Pourquoi les autres journaux n’en font-ils pas autant ?
Outre la pratique, un autre problème se profile à l’horizon. Comment introduire un article en français alors que ça va à l’encontre de l’usage ? Comme le dit Elysha del Giusto-Enos du Link : « on n’a pas assez d’articles pour créer une section ». Intégrer au journal quelques articles orphelins se révèle donc être une tâche difficile.
Au vu du nombre de journaux francophones représentés à la conférence annuelle de la Presse Universitaire Canadienne, soit une très nette minorité, il ne reste plus qu’à compter sur la presse existant dans des universités où les deux langues sont représentées, soit les derniers bastions de la langue française.