L
es armes à feu tuent : les Américains le savent mieux que quiconque. Cependant, à chaque fusillade, tous sont honnêtement surpris, feignant de ne pas s’y être attendu, dans une Amérique si « juste et pacifique ».
En 2012, 61 personnes aux États-Unis ont trouvé la mort dans des attaques au sein d’écoles, de cinémas ou encore de grands magasins.
Tel un feuilleton annuel, attendons de voir ce que 2013 a à offrir.
Comme si le patriotisme empêchait l’usage de la raison. Protégés par le deuxième amendement qui déclare qu’«une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, il ne pourra être porté atteinte au droit du peuple de détenir et de porter des armes », les pro-armes forment un lobby intouchable car trop puissant. Ces derniers estiment qu’être capable de se défendre est un bien nécessaire, quitte à plonger dans un cercle vicieux qui apparaît aujourd’hui aux yeux de la société : celui de donner des armes pour se protéger des armes.
Une analogie me vient en tête : la musique des voisins est trop forte ? Augmentons le volume de la nôtre. Eux font de même et le jeu continue. Au bout du compte les musiques jouent toujours, mais tout le monde est devenu sourd. Le dilemme de la sécurité par excellence.
Le plus grand paradoxe reste néammoins la peur qu’a l’Amérique d’Al-Qaïda depuis le 11 septembre 2001. Loin de moi l’idée que ce jour ne fût pas une tragédie ; mais voilà maintenant onze ans qu’aucune attaque ne vient de l’extérieur.
En revanche, les armes à feu sont toujours présentes et font chaque jour de nouvelles victimes. Il semblerait donc que Washington se trompe d’ennemi : le vrai danger, celui devant lequel tous tremblent, vient de fusillades inattendues mais toujours plus meurtrières qui ont lieu sur le sol national.
Une trop grande partie des Américains se voile la face, utilisant l’excuse du second amendement pour faire entendre raison ce qui est déraisonnable, tandis que des milliers de soldats brûlent sous le soleil afghan pour des raisons de plus en plus troubles.
Évidemment, ce n’est pas l’Afghanistan ni le contrôle du port d’armes, mais la logique ne tient plus debout.
La menace d’une attaque à main armée par un fou furieux est bien plus grande qu’un deuxième 11 septembre ; un jour deux morts, un jour trois, un autre dix-huit enfants dans une école élémentaire. Combien faudra-t-il de morts en une journée pour que les Américains se rendent à l’évidence que le problème est réel ? Aujourd’hui, Barack Obama, président réélu, tente vainement de limiter la vente et l’accès aux armes.
Les conservateurs faisant si bien leur travail, les réformes arrivent au ralenti. Si enfin elles arrivent.
En attendant donc de voir les choses bouger pour le meilleur, je ne vois qu’une seule solution pour éviter un deuxième Sandy Hook. Qu’on donne des armes aux enfants, il faudra bien qu’ils apprennent à se défendre.