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Sonate baroque

Bach le temps d’une soirée

Hossein Taheri

La Salle Redpath a gardé tout son charme. L’ancienne chapelle, avec ses lumières tamisées, son orgue imposant et ses portraits des anciens doyens de l’université le long des murs, semble être le lieu idéal pour se replonger dans l’univers de Bach. Lundi 11 mars, Mark Fewer (violon), Matt Haimovitz (violoncelle) et Tom Beghin (pianoforte), ont fait découvrir au public mcgillois des œuvres moins connues de Jean-Sebastien Bach.

Le concert débute par la Grande Sonate en la majeur pour violoncelle et pianoforte. Avec Matt Haimovitz au violon, deux trios sont ensuite interprétés : le n°1 en ré majeur et le n°2 en mi bémol majeur. L’interprétation ludique des trois morceaux ravit le public : le pianoforte enchaîne les moments de bravoure, les crins des archers se cassent sous l’agitation. Mais les musiciens savent alterner avec brio des moments de fulgurante insouciance et des moments plus sombres et plus graves, pendant lesquels l’atmosphère de la Salle Redpath se fait presque oppressante. En entrevue avec Le Délit, deux élèves de McGill étudiantes en violoncelle à la Faculté de Musique Schulich, se disent « enchantées » par ce concert : « le public étudiant et non-étudiant a répondu présent », continuent-elles.

Les étudiants mcgillois présents au concert sont certes en grande majorité des étudiants en musique, et la plupart d’entre eux étudient avec l’un des trois musiciens à la Faculté de musique, mais il faut néanmoins relever les efforts mis en œuvre par l’université pour promouvoir la musique classique à McGill. De très nombreux concerts sont organisés chaque semaine ; il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges, des récitals d’élèves aux concerts de professeurs, en passant par de nombreux invités canadiens et internationaux et des concerts à thèmes.

Le concert de lundi permettait aux trois professeurs de faire découvrir un aspect particulier de l’écriture musicale de Bach, celui des trios. De plus, la présence d’un pianoforte, cousin du piano comportant seulement six octaves et demie, rend le concert encore plus original. Tom Beghin nous explique son fonctionnement, et les différentes techniques de jeu : « en appuyant sur l’une des pédale, on peut par exemple jouer sur une seule corde, et non sur les six cordes utilisées habituellement ».

Si le concert de lundi se concentrait sur Bach, les parcours des trois professeurs montrent l’éclectisme musical que tend à développer McGill. Tous sont compositeurs, et s’illustrent dans des styles musicaux divers. Le violoncelliste Matt Haimovitz a longtemps été « à l’avant-garde en comblant le fossé entre les tenants de la musique classique et ceux de la musique populaire, reprenant les succès de Jimi Hendrix et introduisant Bach dans les bars rock ». Un concert de Bach, mais un concert vivant et dynamique. Une preuve de plus de l’atemporalité de la musique classique et des œuvres de Bach, qui trouvent des oreilles attentives aussi bien dans les bars que dans les églises.


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