La mi-session s’essouffle peu à peu à l’université alors que les neurones mcgillois s’en veulent une fois de plus de ne pas s’être agités d’avance pour assimiler la matière des derniers examens. À bout de patience, devant l’incohérence que représentent la somme de travail à accomplir et le temps qui vous reste, un sentiment de détresse pourrait vous envahir. À cette problématique, vous répondrez sans doute par une mesure exceptionnelle, si elle ne fait pas déjà partie de vos coutumes habituelles en cas de forces majeures, c’est à dire élire domicile dans un café afin de faciliter l’accès à la source même de la réussite scolaire : la caféine.
Je considère les étudiants qui n’ont pas besoin de drogue (quelle qu’elle soit) pour survivre au stress de mi-parcours comme des sur-femmes et sur-hommes. Il en est de même pour ceux qui parviennent à survivre sans interactions sociales tout au long de leurs études. Pour les autres étudiants, vous pourrez trouver ici une perspective un peu plus ludique pour cette période stressante. Le Délit s’adonne à un exercice critique pour évaluer un échantillon des cafés qui cernent le campus et contribuent ainsi activement à faire de même avec vos yeux. Ce guide, qui ne se veut pas objectif, vous permettra peut-être d’évaluer les options qui s’offrent à votre productivité ou à votre délassement, « au choix ».
D’une part, nous voulions déterminer certains standards pour évaluer les cafés grâce aux mêmes critères. La langue française, le rapport qu’ils ont avec les étudiants dans leur entreprise ainsi que leur façon de se démarquer dans le marché très compétitif des cafés montréalais ont été choisis.
Langue française
Sans grande surprise, lorsque interrogés sur la question linguistique, tous les gérants de cafés s’empressent d’affirmer un amour inconditionnel pour la langue française, l’importance cruciale qu’ils accordent au service en français et comment il s’agit d’un critère de sélection incontournable lors de l’embauche de leurs employés.
À force d’entendre le même discours, toutefois, il arrive que l’on remette en question la sincérité des propos qui sont tenus et on évalue plus empiriquement la réalité du discours préenregistré qu’ils fournissent sans effort. Sur le terrain, certaines disparités surviennent évidemment quant à l’efficacité communicative dans la langue de Molière et, en tant que client, il arrive à plusieurs reprises que l’on ait des difficultés à se faire comprendre du premier coup. Néanmoins, seuls les moins patients d’entre tous ou ceux qui tiennent mordicus au français seront affectés par ces réalités, alors que la plupart des employés des cafés environnant McGill en sont à leur premier emploi à Montréal et semblent s’adapter très bien, moyennant une ou deux répétitions.
Alex, le gérant du Café Bistro El Mundo, dit que la majorité de ses clients est francophone. Il explique cette réalité par plusieurs facteurs, entre autres parce que l’ambiance du café se démarque de celle de ses compétiteurs directs, le Presse Café et le Second Cup, tous deux au coin des Avenues du Parc et Milton, en ayant une certaine authenticité et l’attrait d’un café de quartier, qui selon lui plaît particulièrement à la culture française. Pour plaire davantage à sa clientèle, Alex s’assure donc que ses employés soient bilingues.
Au Tim Hortons, toutefois, on affirme que les employés parlent français dans un souci de se conformer à la loi québécoise, mais le gérant admet que les employés anglophones sont favorisés pour les franchises qui sont satellites au campus et au ghetto.
Rapport avec les étudiants
Au chapitre de la relation qu’entretiennent les cafés du campus avec les étudiants, plusieurs disparités sont notées. D’entrée de jeu, les grandes chaines (Second Cup, Starbucks, Tim Hortons) sont beaucoup moins soucieuses d’offrir un climat d’étude encourageant. Faible éclairage, petites surfaces de travail, peu de prises électriques et l’air climatisé au maximum qui fait frissonner sont toutes des techniques pour vous inciter à consommer davantage de boissons chaudes ou vous voir partir et laisser votre place à d’autres clients. Cependant, Second Cup et Tim Hortons restent ouverts toute la nuit et ont généralement une place de libre peu importe l’heure.
Quant au Pikolo Espresso Bar, il n’a visiblement aucune vocation de café où étudier puisque les tables sont petites, rares et constamment occupées durant leurs heures d’ouvertures restreintes. Toutefois, l’ambiance y est tellement agréable que certains s’obstinent à s’y installer pour quelques heures avec un ordinateur et un livre, ce qui constitue déjà un défi quant à l’espace sur les surfaces. À noter, le Pikolo est aussi très achalandé parce qu’il a récemment été décrété l’un des dix meilleurs cafés à Montréal par le journal Métro.
Le café le plus apte à recevoir des étudiants reste le Presse Café du Parc pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, l’espace de travail sur les tables est généreux, l’éclairage est abondant, les prises électriques ne sont pas rares, les heures d’ouverture sont flexibles selon le progrès de la session et il semble y avoir consensus que les gens se réunissent au Presse Café pour étudier. En bonus, vous avez accès à de l’alcool pour les cas de détresse, mais l’aspect négatif est que la connexion Internet est parfois défaillante. Si vous avez absolument besoin d’un réseau fiable, il serait peut-être sage d’aller en face, mais si comme la plupart des gens, Internet vous sert primairement de distraction, reconsidérez l’étude sans la toile comme une opportunité d’être productif. En tous les cas, le El Mundo d’en face semble être une sage alternative.
Attitude face au marché
Le domaine de la restauration de la métropole est en constante évolution, les commerces ferment et ouvrent à un rythme tel qu’il est même possible de souper chaque semaine dans un nouveau restaurant sans jamais y revenir. Les cafés ne font pas exception à la règle et, alors que plusieurs ouvrent, d’autres ne font pas le poids face à la compétition et doivent fermer boutique pour éviter le désastre financier. Dans le climat actuel des cafés montréalais, les paris sont ouverts pour attirer les clients de tous les horizons de quelque façon que ce soit. Cette réalité est d’autant plus marquante autour de McGill alors que les entreprises doivent toutes se renouveler pour maintenir une offre intéressante qui correspond à la demande des étudiants.
À cet effet, les cafés indépendants (Pikolo, El Mundo) ont le plus grand défi, alors que les grandes chaines jouissent d’une image de marque qui attire des faunes déterminées. En tant que petites institutions, le Pikolo et El Mundo misent sur différents aspects de l’offre pour conquérir les consommateurs. El Mundo offre des repas frais du jour, une variété de cafés et de l’espace de travail pour plaire à une clientèle qui préfère les cafés authentiques aux grandes chaînes. Le Pikolo, quant à lui, mise sur l’ambiance et accorde beaucoup d’importance au métier de barriste. Les petits cafés, toutefois, sont les plus flexibles pour ajuster leur fonctionnement en conséquence des demandes, puisqu’ils ne fonctionnent pas dans un cadre restrictif.