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Le hip-hop réinventé

Bad Wake Up redonne ses couleurs à la scène montréalaise

Romain Hainaut

Montréal vient de voir l’émergence de nouveaux talents sur la scène hip-hop avec Bad Wake Up, un album qui nous propose de découvrir les différentes facettes d’un groupe de jeunes artistes. Avec leurs airs de débutants, Blasé, Gabe ‘Nandez, Ioan Delice et les autres musiciens produisent un album puissant et qui redonne espoir en la culture hip-hop nord-américaine. On connaissait la métropole québécoise pour sa scène électronique mais on s’aperçoit lentement que tous les genres se rencontrent ici, confirmant l’idée que ce qui sort de l’île est d’une qualité incomparable.

Des artistes en herbe venus du monde entier sont attirés par les loyers abordables, les universités et le bouillon de culture montréalais. Ceux qui ont travaillé à la production de Bad Wake Up se sont pour la plupart rencontrés à New York, mais c’est à Montréal qu’ils se sont découverts. Les sept artistes qui ont travaillé depuis septembre à la réalisation de l’album ont tous près de vingt ans, sont basés à New York, au Royaume-Uni ou à Montréal, et se sont tous rassemblés ici autour de Blasé, à qui on doit toute la production.

Blasé c’est d’abord le nom qui définit Romain Hainaut, producteur, illustrateur et étudiant à McGill. En entrevue avec Le Délit, il précise qu’il « produit du hip-hop et de la house depuis longtemps ». Ce projet, c’était pour lui une façon de « se servir des instru’ qu[’il] produit ». L’originalité de Bad Wake Up tient surtout dans la production instrumentale. Souvent, des artistes préparent un projet puis invitent différents producteurs pour accompagner le texte. Ici, on a voulu faire l’inverse. Blasé a rassemblé autour de lui des connaissances, qui ont enregistré leur rap. Cette particularité dans la mise en place du projet a donné lieu à une œuvre dans laquelle aucun thème ne prédomine. Les textes sont simplement là, puissants, rappelant la mer qui patiemment s’attaque à la grève.

Le Délit a rencontré Gabe ‘Nandez, un étudiant en journalisme à Concordia, qui passe son temps libre à écrire et à rapper. Pour lui, « le hip-hop, c’est le nouveau rock ‘n’ roll ». Bad Wake Up « n’a pas de concept. C’est l’introduction d’un groupe ». C’est une œuvre sans prétention, qui tente de défendre le renouveau d’un « rap qui est devenu n’importe quoi ». Depuis quelques mois, toujours selon Gabe ‘Nandez, le hip-hop se réinvente, avec de jeunes artistes qui se démarquent du rap qu’on entend à la radio, le rap qui nous fait dire « j’aime pas le rap ». Bad Wake Up s’inscrit donc dans cette volonté de redorer l’image de la culture hip-hop.

Le résultat, c’est une mixtape homogène, indépendante et gratuite. Blasé souligne le fait que les enregistrements sont disponibles gratuitement sur internet. Avec la possibilité de faire des dons, le projet de Blasé prend le pas de nombreux artistes qui ont choisi ce mode de financement. Depuis quatre jours, Bad Wake Up tourne dans les cercles musicaux montréalais et promet de bénéficier d’une visibilité que les artistes n’espéraient pas. Blasé n’entend pas en rester là ; il pense déjà à un projet avec des artistes francophones.


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