Les initiations du Département de communication à l’Université du Québec à Montreal (UQAM) ont provoqué un tollé dans les médias sociaux la semaine dernière. Marie-Christine Lemieux-Couture, écrivaine, a partagé son indignation dans un billet sur le site web voir.ca : « Des pimps pis des putes. C’est ça le thème plein de gros bon sens des initiations des étudiantes et étudiants de la Faculté de communication de l’UQAM. Est-ce ce genre d’aperçu du merveilleux monde des communications que les étudiantes et étudiants de l’UQAM veulent donner aux nouvelles et aux nouveaux venus ? » Elle y dénonce le caractère dégradant de ces initiations, spécialement leur façon de représenter la femme comme un objet sexuel. Elle critique les nombreux slogans dégradants et jeux à caractère sexuel, où tout tourne autour du lexique de la prostitution et du viol. Elle dénonce également la participation des étudiants à ces activités qui font la promotion de la domination de l’homme sur la femme et de la culture de la sexualité hors de tous tabous.
Des étudiants en communication, ex-initiés et ex-organisateurs ont écrit une lettre ouverte pour répondre à l’article de Mme Lemieux-Couture. Ils spécifient que le thème des initiations n’était pas « des pimps pis des putes », mais plutôt X‑Men. Ils reconnaissent toutefois que les noms des équipes étaient « pimp-zèbres » et « putes-zèbres ». Les étudiants expliquent dans leur billet qu’ils comprennent que certains aient pu être choqués par les idées des initiations, mais disent que « déranger est quasiment un but avoué ». Ils invitent au dialogue ceux qui auraient pu être atteints d’une quelconque façon par ces initiations. Le Délit n’a pas réussi à avoir une entrevue avec les organisateurs des initiations, ces derniers disant qu’ils ne commenteraient plus à ce sujet, la semaine étant terminée et ayant déjà assez attiré l’attention des médias.
Kira Page, coordinatrice externe du Groupe de recherche d’intérêt public (GRIP‑Q) de McGill, mentionne dans un courriel au Délit que ce n’est pas seulement l’UQAM qui a fait la promotion de la dégradation de la femme, de la culture du viol et de la prostitution lors de ses initiations. L’Université de la Colombie-Britannique et l’Université Simon-Fraser ont également fait appel à ces concepts lors de leur « frosh week ». Du côté de McGill, dans le Rad Frosh organisé par le GRIP‑Q, Kira Page explique que la sexualité est également utilisée, mais dans un but éducatif : « Cette année, nous avons eu beaucoup d’ateliers sur la culture du viol, le pouvoir, le sexe et le consentement. » Le Rad Frosh a aussi pour principe de ne pas être hétéronormatif et tient à créer un espace de respect entre personnes de tous sexes.
Jan Simonson, initiateur des événements de la Faculté des arts à McGill, dit en entrevue avec Le Délit que durant le Frosh de McGill, « il y a évidemment quelques jeux à connotation sexuelle, même si l’emphase est mise sur la rencontre personnelle entre deux personnes, plutôt que sur une rencontre seulement physique ». Ils expliquent que ce ne sont pas les coordonnateurs qui organisent les jeux, mais que ce sont les initiateurs qui en sont responsables. Jan croit que certains jeux à caractère sexuel aident les nouveaux étudiants à ne plus être gênés. Parfois, certains « froshies » peuvent sembler mal à l’aise face à de tels jeux, mais il s’agit d’aborder les jeux graduellement. « Il faut que ça reste comique, même si ça peut être perçu comme sexuel », dit-il.