Une centaine de personnes sont venues redonner vie à la langue française en dessinant le chiffre 101 symbolique en une chaîne humaine illuminée à la Place des festivals le mercredi 18 septembre. « 101 », comme le numéro de la loi sur la francophonie adoptée en 1977 qui fait du français la langue officielle de la province québécoise.
Chaque participant a reçu un sac isotherme, contenant deux lampes et une fiche explicative pour les mouvements à effectuer. À trois reprises, un caméraman et un photographe sont montés dans le ciel, appareils en main, soulevés par une nacelle. Le public, patient, effectuait les mouvements de bras demandés par les organisateurs.
L’événement était organisé par les Partenaires pour un Québec Français (PQF), nouvelle coalition de forces nationalistes et d’associations syndicales, qui veut un coup de communication « artistique et rassembleur ». Sur la page Facebook de l’événement, on pouvait lire que celui-ci s’inscrivait dans l’optique de rendre « la question linguistique prioritaire aux prochaines élections ».
Durant les quelques heures de ce ballet de lumières, Karl Ussakoswki, participant passionné par les médias, déplorait la tendance conservatrice presque extrémiste que selon lui les journaux prêtent au mouvement. Lui parle d’une cause « légitime ».
Guillaume, jeune étudiant qui travaille aux finances du PQF, présent sur place, estime militer contre la disparition du français qui serait « une perte pour le Québec, pour l’Amérique du Nord, dont le Québec est le bastion francophone, tout autant qu’une perte pour l’humanité ». À ses côtés, Luc Lemoine, enseignant retraité et ancien directeur d’école chargé de la francisation des nouveaux arrivants au Québec, voit le français dans l’éducation nécessaire, parce que c’est là que se forme la relève du Québec. La province du Québec est la seule francophone du Canada, et c’est la raison pour laquelle le PQF entend lutter pour promouvoir le français. L’anglais, largement utilisé par les nouveaux arrivants, prend en effet une place de plus en plus importante au Québec, et en particulier sur l’Île de Montréal, où le poids des francophones est passé de 61% à 50% entre 1971 et 2006, selon le Secrétariat à la Politique Linguistique du Québec.
Beaucoup scandaient « Le Québec, en français ! » mais aussi « Montréal, en français ! », puisque la francophonie se défend d’abord dans la deuxième ville francophone du monde après Paris, où vit presque la moitié de la population québécoise.
L’Office québécois de la langue française note que l’accueil bilingue a progressé, passant de 1 à 13% dans les commerces en deux ans. « Nous ne sommes pas contre l’idée d’un bilinguisme à l’échelle individuelle, mais pour une francophonie à l’échelle institutionnelle » dit au Délit Mario Beaulieu, président de la société St Jean-Baptiste de Montréal, association patriotique apparemment très impliquée dans le PQF. L’homme se dit aussi contre « l’écrasante mondialisation ». Il dénonce les subventions gouvernementales accordées aux universités anglophones, qui sont, selon lui, disproportionnées et injustes par rapport au poids des francophones au Québec. Pour lui la préservation de la langue, plus qu’un enjeu, est une priorité, une « lutte perpétuelle ».