Une centaine d’amateurs d’astrophysique ont assisté au premier « Public Astro Night » de la session, le 19 septembre dernier au pavillon Rutherford. Lors de cette soirée organisée par AstroMcGill, le Dr. Duncan Hanson a présenté au public le résultat de son travail sur la détection des signaux B‑mode. Ces signaux décrivent les variations dans la rotation de la polarisation du rayonnement de fond cosmologique (CMB), un vestige du Big Bang.
« La physique tente d’expliquer des concepts avec d’autres concepts que nous ne comprenons pas entièrement », affirme Dr. Hanson en référence à l’utilisation de la mécanique quantique pour analyser les variations du CMB.
Les signaux B‑mode pourraient, entre autres, permettre de confirmer la théorie de l’inflation cosmologique selon laquelle l’univers aurait connu une phase d’expansion très rapide au début de sa création.
Suite à la conférence du Dr. Hanson, les membres de l’assistance qui le désiraient ont pu admirer les étoiles à partir de l’observatoire MacPherson situé sur le toit du pavillon Rutherford. Certains ont fait la connaissance d’Albireo, une étoile double dans la constellation du Cygne.
Lorsque la météo et le ciel le permettent, les anneaux de Saturne, les couleurs de Jupiter et les croissants de Vénus peuvent être observés. « Les observations sont différentes à chaque fois », affirment Guillaume Goffaux et Rocio Philipps, deux habitués des « Public Astro Nights ».
Si les « Public Astro Nights » sont très instructifs pour le public, ils sont aussi formateurs pour les professeurs, stagiaires postdoctoraux et étudiants au doctorat qui y sont invités en tant que conférenciers. « C’est important pour tous les étudiants en astrophysique de savoir parler au public, pas simplement à des collègues », soutient Sébastien Guillot, membre fondateur d’AstroMcGill et étudiant au doctorat en astrophysique à l’Université McGill.
La recherche en astrophysique
Ces rendez-vous nocturnes offerts par AstroMcGill sont nés d’un désir de rendre l’astrophysique plus accessible au public, un domaine qui, à défaut d’en parler, peut être « assez obscur », raconte M. Guillot. Malheureusement, peu nombreux sont ceux qui ont l’occasion de percer ses mystères, la recherche en astrophysique étant très compétitive. Selon le doctorant, il est difficile de se trouver des stages postdoctoraux et les postes permanents se font encore plus rares.
Dr. Hanson, quant à lui, a remarqué que la recherche en astrophysique perdait de son charme aux yeux des nouveaux diplômés qui font leur entrée aux cycles supérieurs. « C’est moins fascinant qu’il y a 30 ans », confie l’astrophysicien au Délit. « Une grande partie de notre travail consiste à confirmer des choses qui étaient déjà connues ou à les mesurer avec plus de détails ».
Néanmoins, Dr. Hanson se montre optimiste face au futur de ce domaine. « On fait toujours un pas en avant, jamais en arrière », dit-il.
À surveiller au cours des prochaines années en astrophysique : le lancement du télescope spatial James Webb prévu pour 2018 et la construction du premier télescope terrestre de 30 mètres de diamètre par l’équipe du TMT Observatory Corporation. Ce télescope, trois fois plus large que les plus grands télescopes terrestres actuels, utilisera l’optique adaptative pour corriger la distorsion créée par l’atmosphère dans les signaux recueillis à partir de la Terre.
« Grâce à l’optique adaptative et à la taille du télescope qui ne peut être égalée par les satellites, il sera désormais possible d’obtenir de meilleurs résultats à partir de la Terre qu’à partir de l’espace », rapporte Sébastien Guillot. Ce télescope extrêmement large (ELT), dont la construction à Hawaii devrait être terminée d’ici 5 ans, permettra d’observer des galaxies encore plus lointaines. Il y a deux autres projets de construction de télescopes extrêmement larges, tous deux seront situés au Chili.
Les « Public Astro Nights » ont lieu tous les troisièmes jeudis du mois au pavillon Rutherford. L’heure du rendez-vous varie entre 19h et 20h30.