«[McGill est un bain de culture]. Ce qu’il faut encourager, c’est justement la joie qu’on a à connaître une autre culture – et dans le cas de ceux qui ne parlent pas le français mais qui commencent à l’apprendre : qu’ils apprécient la richesse qu’on gagne à connaître d’autres cultures ».
En début d’année, Suzanne Fortier recevait Le Délit sur ces mots optimistes quant à la place du français et du bilinguisme à McGill. Elle se disait d’ailleurs « agréablement surprise par la présence du français sur le campus ». Rien à voir avec l’époque à laquelle la Principale était étudiante. Depuis le mouvement « McGill français » puis la création du Délit comme journal indépendant en 1977, la situation aurait évidemment bien changé.
Surtout, ce qui est une très bonne nouvelle, c’est que de plus en plus d’étudiants anglophones expriment le désir d’apprendre le français. Cet engouement pour les cours au Centre d’Enseignement du Français (CEF) à McGill témoigne d’une envie croissante des étudiants non francophones de ne pas passer leurs années à l’Université cloisonnés dans la communauté anglophone du « ghetto » Milton-Parc.
Fini alors le temps où on venait faire son bac à McGill, et on repartait après trois-quatre ans sans savoir même épeler « bonjour » ?
Pas si sûr. Car les conditions d’apprentissage ne sont pas idéales. McGill ne prend pas toutes les mesures nécessaires pour répondre aux attentes des étudiants.
Ainsi les classes de français sont surpeuplées. Certaines classes pour débutants, déjà officiellement prévues pour 33 élèves – ce qui est énorme pour un cours de langue – sont en sureffectif avec 37–38 inscrits.
Dans un article paru lundi dans Le Devoir, Suzanne Pellerin, professeure au CEF, explique qu’avant, quand les cours affichaient trop d’inscrits, on ouvrait des sections supplémentaires. Maintenant, on préfère laisser les classes se remplir au-delà de la limite. Ou bien on a recourt à d’autres stratagèmes (la fermeture de sections intermédiaires pour laisser plus de classes débutantes, comme il est indiqué dans le même article), mais toujours pour ne pas ajouter des cours.
Ce phénomène n’est pas uniquement propre aux cours du CEF : il s’inscrit dans un plus large contexte de coupures budgétaires. Il y en a pas mal, des classes surpeuplées, à McGill. Sans parler des conférences : par exemple, un cours de science politique niveau de 300 qui offrait à l’hiver 2012 huit horaires différents de conférences a réduit ce nombre à 4 à l’automne 2013. Bien que le nombre de places dans le cours ait, certes, légèrement diminué, il n’en reste pas moins que les conférences pour ce cours comptent chacune trente élèves ! D’autant plus que le but d’une conférence ou d’un cours de langue est justement d’encourager l’échange et la discussion en petit groupe.
De quoi en décourager plus d’un dans son élan. « L’excuse » des coupures budgétaires est toujours là. Mais c’est comme si cette excuse nous fermait les yeux et brimait nos esprits créatifs. Alors pour en revenir aux cours de français, McGill pourrait s’améliorer. Sa consœur Concordia a bien trouvé des solutions et parvient à ajouter des cours, pour arriver au final à ce que « 64 % des étudiants internationaux [soient] inscrits au cours d’introduction au français en 2012–2013 », selon Le Devoir. Contre 10% à McGill. Mouais…