L’événement « Walrus Talks », l’un des quatre de ce genre tenus à travers le pays, était dédié à l’énergie. Huit courtes présentations ont eu lieu le mardi 1er octobre. Organisé par la Fondation Walrus, qui tient un magazine éponyme indépendant, et par l’Université McGill, l’événement avait pour but de promouvoir un débat équilibré et transparent sur l’énergie.
SUNCOR, une des plus grandes compagnies énergétiques au Canada, finançait la soirée. La présence de SUNCOR à cet événement n’est pas passée inaperçue en raison de l’implication de la compagnie dans les gaz de schiste. Dans son introduction, Martin Krayer von Krauss du Bureau de Développement Durable de McGill, a admis que certains pouvaient se demander « comment on peut avoir un débat ouvert quand le sponsor principal est tellement investi dans l’exploitation des gaz de schiste ». Il croit malgré tout que c’est possible. Aucun présentateur n’a abordé le sujet par la suite.
Les participants aux présentations ont d’abord essayé de définir ce qu’est l’énergie. Certains ont rappelé que l’on ne produit jamais d’énergie, on ne fait que la transformer d’une forme à une autre (1ère loi de thermodynamique).
D’autres ont voulu mettre l’accent sur sa capacité à produire du travail : c’est ce qu’on fait avec l’énergie qui importe. L’énergie prend également plusieurs formes différentes : électricité ou nourriture par exemple. Il n’y a pas eu de consensus sur la définition, car chaque présentation était indépendante. Malgré tout, les multiples nuances énoncées ont éclairé les différentes facettes de ce mot quelque peu fourre-tout.
Ensuite, l’énergie a été placée dans son contexte socio-économique. Le professeur Bryne Purchase, de l’Université Queen’s, a rappelé l’«impact profondément négatif » lorsque son prix a augmenté dans les années 1970. Cette hausse « changea la structure fondamentale de notre économie et de notre société ». Il a aussi rappelé qu’une hausse est un « désastre pour les pauvres ». Chris Henderson, conseiller pour des projets d’énergie renouvelable au Canada est pour sa part optimiste quant à l’avenir de l’énergie. Il voit les projets énergétiques comme autant d’opportunités pour forger de nouvelles relations sociales avec les communautés des Premières Nations, Métis et Inuits. D’un autre côté, Sophie Cousineau, correspondante pour le Québec au Globe and Mail, voit plutôt l’énergie au cœur d’un débat partisan qui n’arrive pas à se résoudre : trop de méfiance des citoyens envers leurs élus, et trop de contradictions entre les partis impliqués. L’impact environnemental de l’énergie n’a pas été abordé de plein front mais était sous-jacent dans toutes les présentations.
Vers l’avenir
Comment la société peut-elle avancer ? Quelles visions pour le futur ? D’après Kali Taylor, fondatrice du blog « Student Energy », il faut remettre l’humain au centre du débat sur l’énergie pour pouvoir avancer au-delà des conflits partisans. L’énergie est un projet de société qui doit changer les normes établies et tirer avantage de « l’engagement, la vision, la créativité, la positivité, le pragmatisme et la collaboration » des êtres humains.
Martin Krayer von Krauss rappelle, en entrevue avec Le Délit, le rôle que McGill peut jouer. Il dit qu’en plus de ses capacités d’innovation, McGill est un lieu d’expérimentation où les étudiants ont l’opportunité de faire changer les choses, par exemple grâce au « Sustainability Projects Fund » (SPF) et à d’autres projets directement ou indirectement reliés au campus.