Woodkid était de retour au Métropolis jeudi dernier dans le cadre de la série de concerts « Jazz à l’année », extension du Festival de Jazz de Montréal. Les attentes étaient élevées après un passage remarqué au mois de juillet dernier. Les spectateurs n’ont pas été déçu.
En ouverture, Black Atlass offre une performance honnête, mais leur musique au rythme lourd et langoureux parvient mal à s’imposer à la foule n’attendant que la musique entraînante de Woodkid. Le duo chanteur/DJ arrive d’ailleurs difficilement à occuper la scène encombrée des nombreux instruments qui laissent présager un spectacle autrement plus énergique et envoûtant.
L’attente en aura valu le coup. L’écran géant au fond de la scène projette des images de synthèse en tons de gris de l’avancée dans la nef d’une cathédrale gigantesque et les deux percussionnistes battent leurs grosses caisses sur l’arrière-scène surélevée lorsque Woodkid paraît. La fête est lancée.
Le chanteur français, qui s’est d’abord fait connaître mondialement comme réalisateur de vidéoclips, accorde manifestement une attention toute particulière à la scénographie. Aux images projetées sur l’écran et au jeu des faisceaux de lumière blanche s’ajoute la présence imposante des 13 musiciens (trois cuivres, six cordes, deux percussionnistes, un claviériste et un opérateur de console) accompagnant Woodkid. Tant au niveau musical que visuel, ce mini-orchestre permet d’offrir une expérience spectaculaire, la force de l’image complétant celle de la musique.
Voir les deux batteurs jouer symétriquement devant les images de paysages rocheux (« Golden Age ») ou extraterrestres (« Conquest of Space ») donne une nouvelle dimension quasi-hypnotique à la musique déjà puissante sur album. La foule répond avec exaltation et, en retour, Woodkid semble comblé par l’affection du public. « On se sent toujours à la maison ici », lance-t-il. Ajoutant même : « Vous êtes vraiment plus sympas que les Français ! », s’attirant du coup quelques clameurs de spectateurs apparemment français et les vivats des spectateurs montréalais, beaucoup plus sympas (ce n’est pas moi qui le dis, c’est Woodkid!)
Les musiciens offrent aussi des intermèdes instrumentaux impressionnants où, encore une fois, les percussionnistes dominent. La foule, animée par un Woodkid énergique, est alors plus que survoltée, sautant et hurlant sans retenue.
La meilleure illustration de l’affection mutuelle entre l’artiste et le public survient durant le rappel. Le groupe joue alors « Run Boy Run », dont Woodkid fait entonner avec succès la mélodie de la dernière partie par le public. Puis, le chanteur prenant une courte pause à la fin de la chanson pour absorber avec un plaisir perceptible les applaudissements de la foule, celle-ci, refusant de voir le spectacle se terminer là, reprend d’elle-même son chant choral, sous l’incrédulité de l’artiste qui demande alors à ses musiciens de reprendre le morceau pour accompagner la foule déjantée.
Le spectacle se clôt par « Iron » en version sextet, comme une façon de se dire « à bientôt » en douceur. Comme quoi, les Français font aussi de bien belles choses sans friser avec l’ostentatoire.