Le nouveau Centre de recherche interdisciplinaire en études montréalaises (CRIEM) a organisé son premier colloque intitulé La créativité urbaine en question : le cas de Montréal, « ville créative ». L’événement s’est déroulé les 18 et 19 octobre au Musée McCord.
Pour l’occasion, les participants ont eu droit à 15 conférences qui traitaient de la métropole sous différents angles, de son architecture aux choix politiques de ses résidents. Cette interdisciplinarité est à l’image du CRIEM, qui rassemble des chercheurs de douze disciplines.
« Nous avons réalisé qu’à travers toutes les facultés de McGill, il y a beaucoup de spécialistes qui travaillent sur Montréal » raconte William Straw, professeur au Département d’histoire de l’art et d’études en communications à McGill et co-directeur du CRIEM.
Le statut officiel de centre de recherche devrait être octroyé au CRIEM sous peu, ce qui lui permettra d’obtenir des fonds de recherche et de recevoir des chercheurs invités. « C’est un bon moment pour lancer un centre en études montréalaises » affirme William Straw après avoir souligné l’implication grandissante de la communauté de McGill auprès de la métropole.
Pour Raphaël Fischler, directeur de l’École d’urbanisme de McGill, de nombreuses questions méritent l’attention du CRIEM. « Il serait intéressant de savoir qui sont les poids lourds de la participation citoyenne à Montréal. » Monsieur Fischler propose aussi d’explorer le lien entre cette participation et la créativité dans les initiatives municipales.
Steve Charters et Jill Merriman, deux gradués de l’École d’urbanisme de McGill présents au colloque aimeraient quant à eux que des recherches soient effectuées sur la façon dont les revenus des entreprises montréalaises sont réinvestis au sein de la communauté. « Il y a beaucoup de données économiques au niveau provincial qu’on ne retrouve pas au niveau local », affirme Steve Charters qui travaille maintenant pour Made in Montréal, un organisme de soutien aux producteurs et manufacturiers de la métropole.
Étudier Montréal
Pourquoi étudier Montréal ? Aux yeux d’Andrew Sancton, conférencier invité lors de ce premier colloque, Montréal se distingue par son histoire et son insularité, mais surtout par son bilinguisme. « Il n’y a rien dans la littérature concernant l’effet du langage sur l’organisation des gouvernements municipaux en Amérique du Nord » affirme le professeur en gestion publique à l’Université de Western Ontario.
Monsieur Sancton soutient que le bilinguisme est à l’origine de la réorganisation municipale de Montréal en 2006, qui a créée un système de gestion « fragmenté et complexe ». Présentement, l’agglomération de Montréal est constituée de la Ville de Montréal et de 15 autres municipalités situées principalement à l’ouest de l’île. La Ville de Montréal possède la majorité des voix au conseil d’agglomération, ces voix étant attribuées en proportion du poids démographique de chaque ville ou municipalité. « C’est ce qui rend les élections qui s’en viennent si importantes. Elles détermineront qui contrôle le conseil d’agglomération en charge du transport en commun, de la police et des infrastructures » souligne Andrew Sancton.
Si les études montréalaises sont particulièrement pertinentes en période électorale, Josianne Poirier, participante au colloque, rappelle que ces discussions doivent se poursuivre après les élections. « En période d’élections on parle beaucoup de la ville et après pendant trois ou quatre ans les gens oublient », dit-elle. Le nouveau Centre de recherche interdisciplinaire en études montréalaises pourrait permettre de garantir la continuité dans les réflexions concernant notre « ville créative ».